Flesh & good


Rock / De temps en temps à Lyon, un groupe de rock empreint d'une certaine légende underground passe dans l'indifférence quasi générale. Avec, sous le bras, son chapitre de l'Histoire du rock un peu inaccessible au plus grand nombre, avec ses pages un peu collées par la sueur, le sang et la bière. Pourtant, plus qu'un groupe porteur d'un style musical ou d'une époque révolue, les Fleshtones sont une publicité vivante pour un mode de vie fait de musique rauque, de transpiration et de passion. Il y a dans ce rock là, mélange de rockabilly, de psychédélisme et de surf music, comme un filon énergétique inépuisable. Comme un relâchement «tongue in cheek» qu'on ne retrouve guère que chez Jonathan Richman ou tous ces gars qui rient au nez de la lose pour éviter que les larmes ne leur montent aux yeux. The Fleshtones, ce sont 34 ans d'activité depuis leurs débuts au CBGB, la Starac' punk du Lower East Side, une vingtaine d'albums, trois décennies et demi à entretenir le rock n'roll comme on bichonne une arme de poing : avec une minutie de tous les instants légèrement psychopathe. Ce sont aussi des albums tardifs («Beachhead», «Take a Good Look») qui les voient donner des leçons de punk juvénile à des types qui leur rendent vingt ans, quand ce genre de saillie tardive constitue habituellement le talon d'Achille des dinosaures allergiques à toute forme de battage en retraite. Bref, comme l'a dit Peter Buck, guitariste de REM, proche des New-yorkais : «n'importe quel groupe de rock peut-être le meilleur groupe du monde un soir pendant dix minutes, The Fleshtones l'a été tous les soirs pendant trente ans, les bonnes années comme les mauvaises». Stéphane DuchêneThe Fleshtones + The Bellrays
Au CCO, lundi 8 mars.


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Littérature Le Printemps des poètes