La saison des amours

La programmation 2010-2011 de l'Opéra de Lyon s'annonce riche, généreuse, abondante et surprenante. De la Trilogie mozartienne au très attendu Tristan de Wagner, Serge Dorny propose du lourd, mais pas uniquement. Pascale Clavel


Un thème comme fil conducteur chaque saison. C'est le parti pris de Serge Dorny depuis qu'il dirige l'Opéra de Lyon. Même si le procédé est un peu convenu, il permet quelques fantaisies et donne une certaine cohérence à l'ensemble. La saison qui s'achève n'en finit pas de se questionner sur l'errance humaine. La saison prochaine, le fil conducteur est aussi passionnant que dangereux : «jeux de couples». Thème éternel du répertoire lyrique, le couple traverse tous les âges. Bien sûr, il permet un vaste choix d'œuvres ; l'opéra ne cesse de jouer avec le désir, l'amour, le désamour, la haine et la mort. Dans les autres options que Serge Dorny a impulsées dès son arrivée, le festival annuel tient une place privilégiée. Il sera consacré la saison prochaine à Mozart et à sa fameuse trilogie : Cosi Fan Tutte, Les Noces de Figaro et Don Giovanni. Les trois œuvres seront jouées dans un temps très concentré, ce qui donnera une lecture passionnante, en vitesse accélérée, de cette folle histoire humaine. Adrian Noble en signe la mise en scène qu'il situe, comme cette saison avec son Don Juan, dans une Amérique du XXe siècle très fière d'elle-même.Il n'y a pas que Mozart…
…Il y a aussi Wagner. Tristan, c'est 4h45 de déferlement d'une musique lyrico-romantique par excellence. Une véritable épreuve pour certains, une jouissance par avance pour d'autres. Espérons que la mise en scène à deux têtes – Wieler/Morabito- et la direction de Kirill Petrenko sauront faire surgir l'irréel, la métaphysique et la symbolique qui inondent ce monument. Parmi les œuvres puissantes, le public saura apprécier Luisa Miller de Verdi dans une mise en scène de l'audacieux David Alden et sous la baguette du chef permanent Kazuchi Ono. À côté de ces poids lourds du répertoire lyrique, on trouvera de véritables pépites rarement jouées. C'est ainsi que nous pourrons entendre le Rossignol, conte lyrique et poétique de Stravinski dans une mise en scène du très révolutionnaire Robert Lepage mais aussi le Bœuf sur le toit de Milhaud et les Mamelles de Tirésias de Poulenc, deux œuvres dadaïstes aux forts accents jazz mises en scène par la très décalée Macha Makeïeff. Serge Dorny a réussi un équilibre musical judicieux entre nouveaux et anciens. Il a également su mettre des petits bijoux insolites en face d'œuvres monumentales. Une saison qui s'annonce belle.


<< article précédent
Œuvres ouvertes