Vie bancale


NOUVEAU CIRQUE / Nous sommes en possession de l'information depuis maintenant un petit bout de temps (bien avant Galilée même) : notre terre n'est pas plate et infinie. Nous, simples humains, sommes donc tous sur le même bateau, bien arrimés – la faute à cette satanée gravité –, avec la possibilité de croiser un autre, effrayant et inconnu à n'importe quel moment. Avec "Öper Öpis", les deux Suisses bricoleurs Martin Zimmermann et Dimitri de Perrot évoquent ainsi «les petits et grands drames des relations au quotidien, ce quotidien dont chacun sait qu'il peut très vite faire perdre pied à n'importe qui» (extrait de leur note d'intention). Soit, sur un plateau piégé évoluant selon les déplacements des interprètes, la rencontre chorégraphiée entre des êtres paumés, hors normes, craintifs les uns envers les autres, mais finalement bien décidés à se rapprocher, histoire de voir "comment ça fait". Le tout sur des airs électro mixés en live par le Dj de Perrot, miroir d'un monde survolté où l'on ne finit plus que par avancer, sans véritablement se demander pourquoi. En une heure, Zimmermann et de Perrot parviennent à en dire autant (voire plus) que n'importe quel penseur contemporain pessimiste. Leur "Öper Öpis" est pourtant loin d'être noir. C'est un spectacle kafkaïen, dadaïste et cartoonesque, mêlant danse déstructurée et burlesque circassien coloré qui devient un show excitant plein de vie qui ravit les sens au plus haut point. Inventif et bluffant. Aurélien MartinezÖPER ÖPIS
À la Maison de la Danse du mercredi 24 au dimanche 28 mars.


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À la recherche du temps perdu...