Échec et mat


Théâtre / "Le Joueur d'échecs", publié après le suicide de l'écrivain Stefan Zweig en 1942, est entièrement rédigé en prose. À l'Espace 44, le comédien Michel Bernier s'en empare comme un conteur s'empare d'une fable. Il contextualise la pièce en recourant au style indirect et les quelques éléments de décor présents sur scène n'évoquent pas le paquebot sur lequel se déroule l'action du "Joueur d'échecs". Plutôt que de faire entrer un personnage dans l'espace de jeu, il choisit la suggestion : «il marche d'un pas assuré», nous dit le comédien. Une suggestion qui fait parfois oublier que nous sommes au théâtre. Cependant, Michel Bernier joue avec talent et le spectacle est parfaitement rodé. Avec ses faux airs de Jean d'Ormesson, le comédien se met en scène et incarne avec malice tous les personnages de cette nouvelle. Il est à la fois Mirko Czentovic, jeune champion du monde d'échecs et l'avocat juif autrichien enfermé par les nazis dans un hôtel de luxe devenu la quartier général de la Gestapo afin de subir d'interminables interrogatoires. Un homme coupé du monde qui découvre que l'isolement est une pression plus subtile et douloureuse que les maux physique et s'échappe mentalement en se plongeant dans un livre, un manuel d'échecs. Après ces voix de résistance au nazisme, Michel Bernier donnera corps au pianiste Novecento d'Alessandro Barrico du mardi 30 mars au dimanche 4 avril sur la même scène. Nadja Pobel Le Joueur d'échecs
À l'Espace 44
Jusqu'au dimanche 28 mars


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La faim et les moyens