Caro et les hystéros

Emmanuel Demarcy-Mota, directeur du Théâtre de la Ville à Paris présente «Casimir et Caroline» d'Odön von Horvath au Théâtre des Célestins. La rupture de deux jeunes gens sur fond de crise économique pendant une fête de la bière starring Élodie Bouchez. Dorotée Aznar


Elle est secrétaire et il est chauffeur, ils sont jeunes, ils s'aiment et devraient avoir la vie devant eux. Un soir de Fête de la bière, elle admire un Zeppelin dans le ciel en espérant un jour faire partie du voyage. Lui vient de perdre son emploi et préfère penser à ceux qui crèvent de faim en bas qu'à ceux qui s'amusent dans les airs. Sur fond de crise économique et de montée du nazisme dans l'Allemagne des années 30, le couple va se déliter. Elle veut jouir de la fête, de la vie et user de ses charmes pour sortir de sa condition. Il n'a plus un sou en poche et sait que l'amour ne résiste pas à la misère. Dès les premières minutes, la fin est prévisible, il n'y a plus qu'à attendre un dénouement qui tarde à venir.Tout montrer
Emmanuel Demarcy-Mota, directeur du Théâtre de la Ville reconstitue une fête foraine sur le plateau. Jeux de force, grand huit, toboggans, cirque, taverne bruyante… Les moyens techniques déployés sont impressionnants. Si le metteur en scène s'applique à faire poindre l'angoisse dans cette ambiance de kermesse (les visages crispés dans le grand huit, les chansons entonnées bras tendu, la sensation d'enfermement provoquée par les échafaudages en métal), c'est tout de même l'impression d'un vaste cirque qui prévaut. Ça hurle, ça chante, ça se bat, ça s'agite en tout sens et l'on oublie bientôt nos pauvres personnages principaux dont le sort, il faut bien l'avouer, ne passionne guère. La faute peut-être à une Élodie Bouchez dont le jeu monocorde fait de Caroline une niaise agaçante pour laquelle il n'est pas vraiment aisé d'éprouver de l'empathie. La faute peut-être aussi à ce texte qui, à force de ne pas vouloir parler de politique finit par ne parler de rien. La faute enfin à un metteur en scène qui choisit de tout expliquer et de tout montrer, préférant les démonstrations exubérantes à la subtilité (on pense notamment à l'épisode catastrophique des «monstres»). Il ne reste alors que des images réellement magnifiques et des mises en lumière splendides. Ce qui ne suffit en aucun cas à faire du théâtre. CASIMIR ET CAROLINE
Au Théâtre Les Célestins, jusqu'au samedi 27 mars.


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Échec et mat