Qu'un seul tienne et les autres suivront

Léa Fehner TF1 vidéo


Bardé de prix mais plutôt mal sorti en salles, le premier film de Léa Fehner doit être impérativement redécouvert en DVD. Le scénario, brillant, entremêle trois histoires qui se croisent au départ — concession nécessaire à la narration Iñarritu, et se rejoignent dans un final au bas mot exceptionnel d'intensité. On suit donc Stéphane, livreur de médicaments écrasé par sa femme, sa mère, ses employeurs, qui accepte un étrange deal avec un mafieux persuasif ; Laure, jeune fille de seize ans qui s'entiche d'un post-ado impulsif et engagé ; et Zorah, qui recueille à Alger le corps de son fils assassiné et se rend en France pour y rencontrer le meurtrier. La prison est l'horizon du film, mais Léa Fehner reste, à la différence de Audiard, hors ses murs ; pourtant, "Qu'un seul tienne et les autres suivront" partage avec "Un prophète" la même force, le même désir de rendre compte du monde avec des histoires et des corps neufs. Ils partagent aussi un acteur, Reda Kateb, stupéfiant dans le rôle de Stéphane. Il n'est pas le seul, car le film a un certain génie du casting — Pauline Étienne, une révélation, Vincent Rottiers, une confirmation, et tous les autres. Alternant scènes de violence explosives et moments de contemplation, adaptant sa mise en scène au tempo de chaque récit, Léa Fehner signe une œuvre virtuose, impressionnante. Plus qu'une promesse, déjà un accomplissement. CC


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