Sous la pédale


Musique / Comme un cycliste suspect dont on souligne trop régulièrement avec circonspection la couleur de l'urine, Dead Meadow en a parfois assez qu'on assimile sa musique à toutes les formes de drogue disponibles sur le marché. Du moins celles qui ont fleuri dans les années 60 en même temps que le rock psychédélique première époque. C'est un peu le problème quand on s'adonne au rock psychédélique. Car de même qu'on peut juger de la propreté d'un cycliste à la fréquence et à la puissance de son pédalage, on peut souvent supposer la consommation de produits dopants d'un guitariste à la fréquence de son coup de pédale wah-wah, et à sa tendance à s'endormir dessus. Mais à l'inverse du grimpeur hollandais ou du sprinter belge, le rocker psyché a lui tendance à ralentir, à avoir la tête lourde au lieu de se sentir pousser des ailes. Car la musique de Dead Meadow donne dans le psychédélisme lent, le stoner rock collant qui roule et amasse un maximum de mousse partout où il s'étale. Elle sonne comme une traversée du désert américain franchi par ces trois «Kings of the Stone Age» lorsqu'ils quittèrent Washington D.C. pour la Californie(cation) afin d'échapper à l'atmosphère néo-con de la capitale américaine. Tout cela est présent sur "Three Kings", CD/DVD contenant chansons et un film légèrement barré. Au passage, on notera, à Lyon comme ailleurs, le grand retour en force du rock psyché : après une exceptionnelle prestation de Brian Jonestown Massacre (avec lesquels Dead Meadow a travaillé) et en attendant Lords of Altamont, on assiste à la formation d'un grand nuage de cendre mondial dans lequel il n'est pas plus conseillé de faire du vélo que de prendre l'avion. Stéphane DuchêneDead Meadow + Apple from Earth
À l'Epicerie Moderne, lundi 3 mai


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