«Bram plus gestuel et brutal, Geer plus modéré»

Entretien / Sylvie Ramond, directrice du Musée des Beaux-Arts et co-commissaire de l'exposition Bram et Geer van Velde, avec Rainer Michael Mason. Propos recueillis par JED


Petit Bulletin : Pourquoi exposer Bram et Geer van Velde qui n'avaient pas été présentés ensemble depuis 1948 ?
Sylvie Ramond : Ces deux artistes sont bien représentés dans nos collections. Par ailleurs, j'avais pris beaucoup de plaisir à travailler sur l'exposition Braque-Laurens et j'avais envie de donner suite à ce type de dialogue, même si ici les choses sont un peu différentes puisque les frères van Velde ont suivi la même formation et sont issus du même milieu. Ces deux artistes synthétisent aussi, chacun avec une évolution différente, beaucoup des grandes problématiques artistiques du XXe siècle. Avec Geer se pose la question de l'héritage du cubisme dont il ne se libérera jamais totalement. Bram, quant à lui, se dégage rapidement de la figuration. On note aussi, dans les années 1930 et chez les deux peintres, l'importance de Picasso.Qu'avez-vous appris sur les deux artistes ?
Si l'œuvre de Bram a été relativement bien étudiée (catalogue raisonné), celle de Geer l'a été de manière moins systématique. L'exposition est l'occasion de remettre à plat l'étude de l'œuvre de Geer, de proposer une chronologie et d'émettre des hypothèses quant à la datation de ses tableaux, à laquelle il ne prêtait guère d'attention. Nous avons découvert aussi les débuts des deux artistes, rarement présentés, avec cette formation d'abord académique puis très en phase avec les mouvances de leur époque.Quels sont leurs points communs, leurs différences ?
Leurs points communs relèvent essentiellement de leur formation commune, de l'observation des grands maîtres et de leur faculté à capter les grands courants artistiques du début du XXe siècle. Quant aux différences, Bram est plus gestuel, plus brutal, il se libère rapidement de tout modèle, et il annonce aussi l'expressionnisme abstrait américain. Geer est plus modéré et reste lié à la notion de construction.


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