HARLEM Hippies Matador


Imaginons des Strokes débraillés originaires du Texas plutôt que des beaux quartiers de New York, ce qui change tout. Des fans inconditionnels de Nirvana et des Pixies qui voudraient pourtant sonner comme les groupes garage des antiques compilations Nuggets – avec guitares sonnantes et trébuchantes et voix adolescentes qu'on casse à dessein. Des types qui choisissent de se baptiser Harlem tout en titrant leur album "Hippies", sans qu'à aucun moment l'un comme l'autre n'ait le plus petit rapport avec l'essence de leur musique. Un groupe à singles qui en a tellement sous le pied qu'il est obligé d'en faire des albums – celui-ci étant leur second – pour mettre un peu d'ordre dans tout ce foutoir. Bref, tout et n'importe quoi. Mais avec un savoir faire indéniable et une efficacité redoutable. Qui n'est d'ailleurs pas sans rappeler l'énergie communicative des Kings of Leon avant qu'ils ne changent leur baril de garage rock contre deux containers de musique de stade. Harlem est donc le genre de groupe pour qui le rock consiste avant toute chose à tout donner tant que ça vient, quitte à épuiser la bête à concours et à tarir la fontaine à tubes. Jouer, jouer, il en restera toujours quelque chose. Avec cette doctrine, Harlem démontre qu'il n'est point besoin d'avoir inventé la poudre pour être le tireur le plus rapide de l'Ouest. SD


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Regards d'écrivains