Ligne de crête


Musique / Dans l'histoire du punk, The Exploited a apporté une pierre non négligeable et hautement symbolique à l'édifice destroy : la crête iroquoise. C'est en en effet son chanteur Wattie Buchan qui fut le premier à porter ce signe distinctif de choix du keupon en goguette, qui a depuis fait le bonheur des directeur marketing des marques de gel fixant. Bien que formé en 1979, le groupe, et la proverbiale crête de coq, appartiennent à ce que l'on nomme généralement la deuxième vague du punk, celle des années 80. Le premier album du groupe écossais, baptisé "Punk's not dead", entend d'ailleurs affirmer que le punk, dont le courant inaugural a préféré se glisser dans les habits noirs de la new wave, est encore d'actualité. Et pour cause : ce second mouvement se pose moins en révolution esthétique teintée de situationnisme bébête qu'en soubresaut véritablement politique. Viscéralement prolétaire, il se veut le héraut de la gauche radicale contre les dégâts du libéralisme thatchérien et entend redonner au punk une vocation qu'il avait un peu vite oubliée : s'afficher comme le mouvement musical de la rébellion et de la classe ouvrière. Tout cela on le retrouve dans la façon de jouer du groupe qui a ajouté une bonne louche de colère et une vitesse d'exécution saisissante au vieux fond de sauce punk. Associant, à la fin des années 80, le metal à son «esthétique» initiale, The Exploited a toujours conservé le respect des fans du fait d'une ligne de conduite indéfectible et d'une longévité qui n'a jamais connue le moindre trou d'air. Même si de la formation originale ne subsiste que Wattie Buchan, âme incarnée et damnée de The Exploited, celle-ci n'a en effet jamais bougé de l'étroite ligne de crête du punk.
Stéphane DuchêneThe Exploited
Au Ninkasi Kao mardi 11 mai.


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