Dans ses yeux

De Juan José Campanella (Arg-Esp, 2h09) avec Ricardo Darin, Soledad Villamil…


En 1974, le magistrat Benjamin Esposito enquêtait sur le meurtre sauvage d'une jeune femme ; 25 ans plus tard, il décide d'écrire un roman sur cette affaire, et se rapproche de celle qui, à l'époque, était sa supérieure. Juan José Campanella raconte en flashbacks et avec une certaine virtuosité d'écriture cette double enquête, l'enrichissant d'autres niveaux de lecture — notamment une réflexion sur la corruption de la justice argentine. Niveau mise en scène, le film est assez impressionnant, notamment lorsqu'il orchestre un plan-séquence époustouflant qui passe d'une vue aérienne au-dessus d'un stade de foot jusqu'à une course poursuite allant des tribunes aux coursives. Brillant, Dans ses yeux paraît pourtant un peu vain. Campanella a sûrement vu Memories of murder, mais il ne possède pas le génie de la rupture de ton de Bong Joon-ho. Par moments, on a même le sentiment que cette histoire n'est qu'un prétexte à démontrer son talent d'auteur et de réalisateur, tant le cœur battant du film — la fascination d'Esposito pour la victime — est oublié en cours de route. Comme si Campanella faisait de l'œil aux studios hollywoodiens en leur glissant sa jolie carte de visite. Visiblement, ça marche : ce film mineur a raflé l'oscar du film étranger au nez et à la barbe de deux chef-d'œuvres, "Un prophète" et "Le Ruban blanc".

CC


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