Rock à l'étalage


Rock / Comme disait mémé : «La culture, c'est comme la confiture, moins on en a plus on l'étale». De cette formule propre à décourager les vocations de critique culturel, Nuits Sonores a pris le contre-pied en matière de rock n'roll. Jusqu'à présent et depuis que ce festival historiquement électro a embrassé le label «indie», Nuits Sonores ne consacrait grosso-modo qu'une scène et une nuit à ce plaisir coupable. Plus le concert spécial généralement alloué à un mythe rock. Manière diplomate d'attirer les rockeux sans défriser les électroniciens pur jus. Mais la programmation indie prenant de plus en plus d'ampleur, il a bien fallu faire exploser les carcans et étaler toute cette belle culture rock tout au long du festival. C'est chose faite cette année avec, sans doute, l'une des plus denses programmations indie rock qu'on ait vu à Nuits Sonores. La venue du secret le mieux gardé du rock, à savoir les Résidents, pour une représentation de grand standing aux Célestins n'y est pas pour rien. De même que celle de Gang of Four, pilier indéboulonnable du post-punk dont l'influence sur la génération actuelle est incommensurable. Mais en matière de rock comme d'électro, il s'agit pour Nuits Sonores d'être à la pointe : c'est là qu'interviennent dans la programmation des groupes comme Liars, The Chap, Trans Am, The Go ! Team ou The Good Damn. Qu'il s'agisse d'explorer la porosité des frontières entre dynamique rock n'roll et sonorités électro, de faire danser les cerveaux ou réfléchir les corps, tous ont une part à jouer pour rendre ces Nuits de plus en plus sonores. Tout juste pourra-t-on regretter la défection des formidables Raveonettes (remplacés par les pas si soporifiques Hollandais de zZz), en espérant que leurs collègues également diplômés de l'Institut Jesus & Mary Chain, la sensation scénique A Place to Bury Strangers, fassent le boulot pour deux. Et contribuent à mettre du rock partout. Stéphane Duchêne


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MICKY GREEN