Artisans Sonores

Beaucoup d'artistes à Lyon, beaucoup de Dj's et peu de clubs pour diffuser leurs productions. Alors les labels se bougent, dans le microcosme du microsillon, de plus en plus déterminés à faire entendre leurs créations. Stéphanie Lopez


Lyon n'étant pas une ville fondamentalement rock, la plupart des labels indés qui se sont créés entre Rhône et Saône depuis la fin du XXe siècle vouent plutôt une passion sans borne à l'électro. Électro au sens large, et passion qui revient comme un leitmotiv chaque fois qu'on demande aux créateurs de BEE, Amazone ou Booster quel est leur principal moteur. Même s'il faut sans doute être un peu barge pour s'entêter à sortir des disques en 2010, l'amour inconditionnel de la musique, de la rencontre et des échanges avec le public reste le dénominateur commun chez ces artisans du son “made in Lyon“. Et puis, comme le souligne Anton X, fondateur de Booster : «aujourd'hui encore, le disque reste le support le plus crédible pour un artiste». Du coup, même dans un contexte difficile pour les ventes de disques, même si certaines structures (Rotax, Mirage, Kubik...) ont dû mettre fin à l'aventure, une poignée d'irréductibles subsistent, résistent, persistent... Et signent toujours des productions de qualité. En vingt ans de culture électro, des labels vétérans comme Jarring Effects, UMF, BEE et Ultimae ont su s'imposer comme autant de bannières historiques d'un certain son lyonnais, qu'il soit dub, “ambiendelica“ (terme créé par Ultimae), techno ou électronica. “Bucolic Eclectic Electronic“, c'est notamment le créneau artistique de BEE Records, le label de Paral-lel qui fête cette année ses dix ans, avec un plateau d'anniversaire (samedi 15 mai aux Nuits Sonores) tout dévolu à leurs breaks électrisants. FLORILÈGE FLORISSANT Si les années 2000 n'auront pas été des plus fructueuses pour le business du disque, elles auront au moins été porteuses de structures prometteuses. Parmi les “petits nouveaux“ qui se sont récemment imposés dans le panorama électro, citons les connexions lyonno-russes des démiurges de D!FU (qui auront également leur Carte Blanche à Nuits Sonores), le hip-hop ouvert à la chanson et aux expérimentations du label Gourmets, les cerises d'USSF et James Taylor sur Clafooti Records, «l'échange et le mélange» défendu bien au-delà du Rhône par le valeureux Amazone, ou encore «le bidouillage d'expériences » promu par Weirdd et Jean-Paul Sarce sur le tout jeune Dawn Records. Alors que ces nouveaux venus auront aussi leur Carte Blanche au Marché Gare le 14 mai, un autre ambassadeur du BPM lyonnais viendra présenter deux artistes majeurs de son label InFiné : pendant les Siestes Sonores, Clara Moto et Francesco Tristano, les protégés d'Agoria, berceront les pelouses de Gerland au fil d'inspirations que le label a voulu «subversives, émotionnelles et humanistes». On n'en attendait pas moins, in fine, de la part d'un Dj qui a toujours ouvert ses flightcases aux sons les plus raffinés.


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