Mad Men saison 2 (Metropolitan)

Matthew Weiner


La saison 2 de ce petit bijou crée par le scénariste Matthew Weiner (Les Sopranos) sort en DVD. Si vous ne faites pas encore partie du cercle des accros, préparez-vous à un voyage dans l'Amérique des années 60. Pas de sépia en perceptive, mais des personnages au must de la modernité de leur temps grâce à une mise en scène, élégante mais sobre, qui fait paraître contemporaine cette Amérique. L'Oncle Sam est au top de sa virilité, ce qui tombe bien, car c'est dans un monde d'homme que Mad Men nous entraîne. Une plongée dans l'univers des publicitaires à la grande époque de la réclame. Imaginez un building qui n'en finit pas, et quelque part là-haut, un étage occupé par une armada de secrétaires en jupes qui rivalisent pour ressembler à Marilyn ou Jackie Kennedy et qui s'excitent de l'arrivée d'un drôle d'engin dans le service: une photocopieuse. Mais il ne faut pas long pour que le souriant verni de ce monde d'apparences, ne s'effrite. Le générique, sans doute l'un des plus aboutis qu'on ait vu, annonce d'ailleurs la couleur, qui associe chute et succès dans un mouvement musical vertigineux. Dans cette saison 2 on suivra donc, en 13 épisodes d'un coffret proposé par Metropolitan Video, la fine équipe du ténébreux Don Draper, directeur artistique de la Steerling Cooper Advertising Agency. Une fois encore, le talent de Mad Men est de proposer dans cette photo de groupe, une galerie de portraits subtiles, sans céder au manichéisme. L'Amérique sort du Maccarthysme et rien n'est plus ou noir ou blanc. La réalité est en nuances de gris et les personnages aussi. Les femmes testent les limites de leur condition d'épouses, et gèrent comme elle peuvent une amertume qui affleure, celle d'appartenir au sexe faible. Enfin, pour servir ce nœud de personnages dont chacun fait du refoulement un mode de vie, Mad Men bénéficie du jeu subtil et tout en nuances qui feraient pâlir tout lauréat de l'Actors Studio. Quentin Pourbaix


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