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Jusqu'au 30 mai, la quatrième édition des Assises Internationales du Roman se tiendra de nouveau aux Subsistances avec une cinquantaine d'écrivains venus des quatre coins du monde. Tour d'horizon du festival. Yann Nicol


Pour la quatrième année consécutive, La Villa Gillet et Le Monde organisent les Assises Internationales du Roman, un rendez-vous dont la majeure partie se déroulera sur le site des Subsistances (avec des lectures, également, dans les bibliothèques et les librairies de la région), en compagnie d'une cinquantaine de romanciers internationaux, autour d'un thème, «Le Roman : tout dire ?» qui induit l'universalité et la portée d'un genre protéiforme, multiple, qui trouve des déclinaisons dans l'ensemble des pays et des cultures du monde. Ainsi, en plus de quelques écrivains français (Laurent Mauvignier, Geneviève Brisac ou Michèle Lesbre) les invités de ces Assises seront Européens (le Portugais Gonçalo M. Tavares, l'Espagnol Julian Rios, l'Irlandaise Anne Enright…), Africains (l'Algérien Boualem Sansal, la Nigérianne Sefi Atta, le Sud-Africain Ivan Vladislavic), Russes (Vladimir Sorokine, Leonid Guirchovitch) ou Américains, avec la présence du grand Richard Powers, mais aussi de James Frey ou Norman Rush. Avec, en prime, la possibilité de découvrir des auteurs et des littératures plus méconnues grâce à la présence, par exemple, du Chinois Yan Lianke, du Libanais Rabih Alameddine ou de la Polonaise Agata Tuszynska…L'intrigue, la censure, le corps…
Ces romanciers seront réunis pour un ensemble de tables rondes qui constituent le cœur des Assises Internationales du Roman, et qui auront lieu sous la verrière des Subsistances. Des tables rondes où quatre écrivains seront réunis pour des discussions thématiques susceptibles d'éclairer les principaux enjeux de l'écriture romanesque contemporaine. Nous retrouverons, ainsi, des débats autour de l'intrigue, du corps, de la censure, de la folie ou du journal intime. Parmi ces rendez-vous, on notera la rencontre intitulée «Ville et énergie urbaine» (le 29 mai à 20h), qui se penchera sur la manière dont les écrivains mettent en scène, transposent et recréent l'univers d'une ville dans l'espace romanesque. Du Paris d'Émile Zola au Dublin de James Joyce en passant par la Londres de Charles Dickens ou le New York de J.D Salinger, les exemples sont nombreux de ces grands romanciers dont l'œuvre se confond avec le cadre dans lequel se déroule l'intrigue. Une ville qui passe d'ailleurs bien souvent du statut de décor à celui de sujet, voire de personnage principal… C'est cette approche romanesque de la ville qui sera au cœur des discussions en compagnie des quatre écrivains invités : le Français David Boratav, dont le premier roman, Murmures à Beyoglu, auscultait la ville d'Istanbul et particulièrement le quartier de Beyoglu ; le Brésilien Luiz Ruffatto, qui fait de la ville de Sao Paulo le cadre de sa série romanesque intitulée L'Enfer Provisoire ; le Sud-Africain Ivan Vladislavic, dont le dernier roman, Clés pour Johannesburg, tentait de saisir la dimension fragmentaire et éclatée de la ville ; l'Américain James Frey et son roman, L.A Story, dans lequel il mettait en évidence les contrastes de la «cité des anges». Autant d'exemples qui montrent comment l'écriture, le rythme, la structure narrative ou l'intrigue parviennent à capter (et à restituer) le bouillonnement et la diversité des villes du monde.Bernard Pivot apostrophé
En plus de cette petite dizaine de tables rondes, le public retrouvera des rendez-vous à deux qui permettront sans doute d'entendre plus en profondeur les différents intervenants. On retrouvera ainsi le duo Marie Desplechin / Florence Aubenas autour de leurs livres-enquêtes (Bobigny centre ville et Le Quai de Ouistreham), mais aussi la rencontre entre l'Haïtien Dany Laferrière, habitué des Assises, et l'écrivain colombien Antonio Caballero, auteur en ce début d'année d'un premier roman époustouflant, Un mal sans remède (Belfond). Le roman sera quelque peu délaissé au profit des sciences (dures et humaines), avec des entretiens en compagnie du subversif philosophe allemand Peter Sloterdijk et du médecin français Jean-Claude Ameisen, qui interrogeront les liens entre la littérature et ces autres domaines de recherche et de «création». Enfin, signalons la grande interview d'un des grands témoins de la littérature de la fin du XXe siècle, le très populaire Bernard Pivot, qui s'entretiendra avec l'Américain Paul Holdengräber sur la littérature et l'art romanesque en général. Il n'est d'ailleurs pas impossible que certains extraits de l'émission «Apostrophes» soient au cœur de la «petite conversation avec les revenants» d'A.S. Byatt, durant laquelle la romancière britannique réagira, comme c'est de coutume aux Assises, à des archives télévisuelles de certains des plus écrivains du siècle dernier, dont Jorge Luis Borges, Marguerite Duras ou Georges Perec.Les Assises Internationales du Roman
Aux Subsistances jusqu'au dimanche 30 mai.


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