Nouvelle Vague


Duo de français partis s'encanailler à Londres histoire de s'imprégner de la corne d'abondance pop locale, John & Jehn auraient pu sonner comme du Serge & Jane bis en goguette. C'est que, de She & Him à Peter Yorn et Scarlett, la profusion actuelle de duos mixtes calibrés (un génie, une muse, de la tension sexuelle) semble témoigner d'une volonté de vouloir toucher du doigt un peu de la sève sacrée de Gainsbourg et Birkin. Et éventuellement le pactole pop qui va avec. Mais l'évadé du groupe Asyl et l'ancienne résidente de Motel ne chassent pas vraiment sur les mêmes terres. Et en bons Français sont sans doute un peu plus blasés du folklore gainsbourgien très en vogue chez les Anglo-saxons. A ceci près toutefois qu'il se dégage de leur duo une sensualité, qui si elle s'exprime différemment, n'a rien en envier au duo fétiche de la pop franco-rosbif. En vrac, on pourrait citer le Velvet, Suicide, The Kills, PJ Harvey ou Echo & The Bunnymen. Soit un cahier des charges sombre, minimaliste même si un peu moins sur leur deuxième album, Time for the Devil et résolument new wave. Impression sans doute renforcée par le travail sur le disque de Dave Bascombe qui a œuvré dans l'ombre de Depeche Mode ou Echo mais également dénié par l'allant de certains morceaux, pastilles pop qui semblent chercher la lumière ou un moyen de prendre l'air. Et c'est probablement quand il n'est pas enfermé dans sa claustrophobie new wave que le groupe est le plus intéressant, laissant davantage libre cours à un talent de songwriting indéniable qui volerait enfin de ses propres ailes. SDJohn & Jehn
Au Marché Gare, vendredi 28 mai
«Time for the devil» (Naïve)


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MUSIQUE - Wolf Eyes