Douce, Dure et Dingue


Musique / À l'en croire, Emmanuelle Seigner serait dingue. Peut-être d'avoir voulu chanter quand elle est au départ actrice, ce qui ne se fait pas, ou alors mal. Et si ce n'était pas réellement le cas, l'héroïne de Frantic aux traits immuables, a pu le devenir ces derniers mois avec le tourbillon médiatico-judiciaire autour de son mari Roman Polanski. D'autant que la sortie de Dingue a été repoussé de plusieurs mois suite à l'arrestation du cinéaste. La frivolité du dingue aurait fait un peu tache dans ce contexte. Surtout avec un titre comme Qui êtes vous ?, en duo avec Polanski justement. L'histoire d'une fille qui se réveille malgré elle dans le lit d'un vieux libidineux. Dommage, car on a là un tube en puissance qui dans un autre contexte aurait bien fait sourire. Après un album résolument plus rock en collaboration avec les très bof Ultra Orange, Emmanuelle se glisse cette fois-ci dans la peau d'une coquine pop façon Nancy Sinatra : voix de femme-enfant, textes en français aux mots d'ingénues, et mélodies à l'avenant pour un objet fort réjouissant. Un peu yéyé, mais pas béni oui-oui. Sixties et très swinging, sous la belle houlette de Keren Ann et Doriand. De duo avec un Iggy Pop plus reptilien que jamais (La Dernière Pluie) en ballade amoureuse (Emmanuelle) jusqu'au Jour Parfait qui sonne très Autour de Lucie, on rejoue les grandes thèmes pop avec un rien de décalage. A moins qu'il ne s'agisse de brouiller les pistes quant à une réalité intime plus douloureuse, comme sur Le Fantôme qui résonne étrangement de ces mots : «J'ai vu courir un fantôme au fond de tes yeux / lassé d'effrayer les mômes / les mômes et les vieux / Il croyait tout traverser mais seul se repent».
Stéphane DuchêneEmmanuelle Seigner
Au Transbordeur, jeudi 27 mai
«Dingue» (Columbia/Sony)


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