Assan Smati, art direct


Expo / Les œuvres sculptées d'Assan Smati ne passent en général pas inaperçues. L'artiste travaille les matériaux lourds ou bruts, avec des couleurs tranchées, pour donner naissance à des visages monumentaux, des chevaux bleus cavalant à l'air libre non loin de la gare de Saint-Étienne, un centaure rose bonbon de plus de trois mètres... Assan Smati, né à Saint-Chamond en 1972, co-fondateur de la galerie «9bis» à Saint-Etienne, installé aujourd'hui à Berlin, est aussi peintre, dessinateur et graveur. À l'URDLA, il présente plusieurs séries d'estampes où l'on retrouve des motifs inhérents à son œuvre (fleur de lys, boxeur, symboles militaires...), avec moult références aussi à l'histoire de l'art classique et moderne. Pour les réaliser, l'artiste a utilisé des objets inhabituels (planche de contreplaqué de bibliothèque, disques d'aluminium) qu'il a «attaqués» avec virulence et franchise. Cette violence du geste et des figures renvoie sans doute à une critique de la violence sociale contemporaine, même si elle demeure ici indirecte et passe surtout par la représentation d'animaux. Des meutes de bergers allemands montrent des profils pour le moins inquiétants. Des pigeons morts se devinent parmi un amas de plumes et au milieu de grilles. Des papillons hybrides sont épinglés sur des motifs géométriques : papillon-éléphant, papillon-squelette, papillon-clown avec sa coiffe papale... Autant de formes directes, simples et toujours dérangeantes. Et ce n'est pas son impressionnant crâne en plomb de quelque 300 kilos qui viendra nous rassurer en fin d'exposition ! Jean-Emmanuel DenaveAssan Smati, "Evolution"
À l'URDLA (Villeurbanne), jusqu'au vendredi 16 juillet.


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Françoise Quardon, "Sawdust memories"