Sous le signe d'Hippocampe


Revue / Un phallus blanc pénétrant une femme à tête d'épinards dont le cœur fait «ah !». Telle est la couverture plutôt osée du nouveau numéro de la revue "Hippocampe", consacré au thème de la signature. Il s'agit en l'occurrence d'un cadavre exquis de 1929 signé par André Breton et quelques autres. Mais ce qui est osé surtout avec "Hippocampe", c'est de se lancer dans l'aventure d'une revue dense, «sérieuse», ne répondant à aucune sirène de la mode, et touchant à toutes les disciplines (arts, littérature, philosophie, sciences humaines). L'initiative en revient à Gwilherm Perthuis, jeune doctorant lyonnais en histoire de l'art. La revue a fait des débuts balbutiants sous forme de fascicules, avant de se lancer dans une nouvelle série de numéros plus étoffés. Ce troisième opus est une véritable réussite, avec une pagination augmentée, une maquette remaniée, et des textes et une iconographie souvent passionnants. À partir de l'idée de montage chère à Walter Benjamin, "Hippocampe" se compose d'images et d'écrits aux contenus très divers : une interview de Jacques Aubert qui a dirigé la dernière traduction d'"Ulysse" de Joyce et qui travailla avec Lacan, une courte nouvelle de l'espagnol Enrique Vila-Matas, un texte de l'anthropologue Béatrice Fraenkel spécialiste de la signature, un entretien avec Tzvetan Todorov... On trouvera aussi au cœur de ce numéro un dossier d'une cinquantaine de pages consacré à Casanova, avec notamment un étonnant et bel ensemble de dessins signés Frédérique Loutz. Souhaitons à Hippocampe autant, voire plus, de conquêtes que le célèbre libertin. Jean-Emmanuel DenaveHippocampe No3, avril 2010, «Signatures»
12 euros, en vente en librairies.


<< article précédent
Assan Smati, art direct