Quai d'Orsay, chroniques diplomatiques – Tome 1


Christophe Blain et Abel Lanzac (Dargaud)Toute ressemblance entre Alexandre Taillard de Worms et un certain diplomate à crinière blanche n'est pas fortuite, et pour cause : pour cette plongée dans les coulisses de la négociation internationale, Christophe Blain s'est associé au dénommé Abel Lanzac, vétéran des cabinets devenu rapporteur anonyme de leur effervescence. Mais ne vous y laissez pas prendre, bien qu'hilarant, Quai d'Orsay n'est en rien une caricature bête et méchante du passage de Dominique de Villepin au ministère des Affaires étrangères. Il constitue d'une part, d'anecdotes authentiques en affabulations crédibles, une passionnante introduction aux codes et intrigues d'un microcosme plus complexe que ne le laissent entendre crocs de boucher et joggings toison pectorale au vent. Mais il s'agit également, et c'est là tout le génie de Blain, dont la capacité à théâtraliser le geste (mains bavardes, foulées pressés...) et à visualiser le son (portes qui claquent, dossiers qui valsent...) sont ici à leur paroxysme, d'une véritable aventure, épique et grotesque, et surtout plus rythmée que ne le seront jamais quantité de blockbusters farcis de guerrières en armure légère. Étiqueté «réformateur de la bande dessinée de genre» suite aux succès de son western existentialiste Gus et de l'épopée marine Isaac le pirate, Christophe Blain ne pouvait produire meilleur contre-pied.
BM


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