Velibor Čolić Jésus et Tito Gaïa


Depuis son précédent roman, "Archanges", le Bosniaque Velibor Čolić, exilé en France depuis quinze ans, a choisi d'écrire ses romans en français. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cela lui réussit, puisque "Jésus et Tito", son nouvel opus, est peut-être le meilleur de celui qui avait débuté son œuvre avec "Les Bosniaques", un témoignage terrifiant où il décrivait son expérience de soldat pendant la Guerre qui a disloqué son pays au début des années 90. "Jésus et Tito", donc, est un récit de formation dans lequel Čolić revient, sous forme de fragments de mémoire, sur sa jeunesse dans la Yougoslavie de Tito, de son enfance dans un village cosmopolite peuplé de personnages hauts en couleur au départ pour le service militaire en passant par sa fascination pour le Maréchal, son gout pour le football (il rêve d'être Brésilien et…noir !), sa découverte de la littérature, son éducation sentimentale ou son idolâtrie pour The Clash et Joy Division… Une jeunesse insouciante, décrite avec beaucoup d'humour et de tendresse, durant laquelle il fut constamment partagé entre Jésus et Tito, entre une mère catholique, disciple du Christ et un père marqué du sceau du communisme, enfant de Marx et de Lénine : «Dur, très dur de choisir. Et parfois, j'hésite. Le monde des idées est très compliqué, mais grâce à mon Oncle, j'y vois un peu mieux. Quand on mange bien, c'est du catholicisme. Et si on n'a rien à manger, mais qu'on chante et danse, c'est du communisme» CQFD.
YN


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