Sound traque

Prelight films donne un coup de projecteur sur les grands compositeurs de musique de films à travers une série de documentaires qui prennent le temps de les montrer au travail. Dernière projection cette semaine au Comœdia avec Gabriel Yared, en attendant la sortie cet été en DVD. Christophe Chabert


Si l'indispensable collection «Écoutez le cinéma» chez Universal a permis de faire redécouvrir les œuvres de compositeurs de cinéma comme Eric Demarsan, Philippe Sarde ou François De Roubaix, l'image manquait encore pour illustrer le travail essentiel mais discret des «musiciens de films». La société de production lyonnaise Prelight films s'est lancée dans ce projet au long cours : réaliser des portraits de 52 minutes consacrés aux grands noms du genre. Les films prennent le temps de rentrer dans l'intimité de leur travail pour amener le spectateur à comprendre comment la musique s'invente à partir des images. C'est ainsi que Pascale Cuenot, réalisatrice, a tourné le premier portrait, consacré à Gabriel Yared, de cette collection intitulée "Bandes originales". Elle s'est d'abord fait oublier pour lever les réticences du compositeur de 37, 2° le matin, L'Amant ou plus récemment La Vie des autres. Yared, qui vivait à l'époque dans les studios londoniens d'Abbey Road, a finalement accepté de se laisser filmer pendant son travail sur la bande originale d'Azur et Asmar de Michel Ocelot. La réalisatrice est ensuite allée rencontrer les cinéastes pour lesquels Yared avait composé, notamment le regretté Anthony Minghella, pour de longues interviews éclairant l'apport du musicien à la réussite des films.

Des héros très discrets

Gabriel Yared, ravi du résultat, a joué les intermédiaires entre Prelight et Maurice Jarre pour le deuxième portrait de la série, terminé quelques mois avant sa mort. C'est aussi grâce au bouche-à-oreille flatteur autour du travail de Pascale Cuenot que le troisième film a vu le jour ; celui-ci fait figure d'exception dans le projet de la collection, puisqu'il n'est pas consacré à un compositeur vivant, mais à une figure majeure de la musique de films : Georges Delerue. Cuenot a rencontré sa veuve, qui lui a ouvert ses archives, complétées par les témoignages d'Oliver Stone, Bertrand Blier ou Agnès Varda. Après leurs projections au Comœdia (dernière séance cette semaine avec Gabriel Yared), les films sortiront en DVD agrémentés de livrets consacrés aux musiciens. Mais Prelight voit déjà plus loin : le prochain documentaire sera consacré à Alexandre Desplat, sans doute le compositeur français le plus pertinent du moment (il a mis en musique tous les films de Audiard, ainsi que les derniers Frears, Fincher et Anderson, et il termine actuellement la musique de Tree of life de Terrence Malick). Des contacts ont été pris avec le mythique Lalo Schifrin et avec Howard Shore, et Prelight rêve déjà aux portraits de Joe Hisaishi ou John Williams… La liste pourrait s'allonger à l'infini, mais la société souhaite préserver la qualité et l'exigence des films, plutôt que de constituer une collection pléthorique et exhaustive.

Bandes originales : Gabriel Yared
Lundi 7 juin au Comœdia.


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