Mort à débit


Critique / Qui est Lorenzaccio ? Un jeune homme pur dont l'objectif est d'éliminer son cousin Alexandre de Médicis, un tyran qui règne sur Florence avec l'appui de l'empereur d'Allemagne et du Pape ou un homme qui prend rapidement goût à la débauche et ne satisfait finalement que ses intérêts personnels ? Lorenzo, méprisé par les Florentins qui ajoutent un diminutif péjoratif à son nom est avant tout l'image d'un échec. L'impossibilité de changer le monde, l'échec de l'action individuelle comme de l'action collective, le constat de l'absurdité de la violence et de la continuité dans le changement. Une pièce écrite en 1834 et portée par des thématiques qui résonnent fort bien aux oreilles des spectateurs d'aujourd'hui et dont la metteur en scène, Claudia Stavisky, a tenu à souligner l'actualité. Pas de costumes d'époque ni de palais reconstitués. C'est sur une piste ronde à même d'évoquer tous les lieux qui défilent dans la pièce de Musset que se croise une multitude de personnages interprétés avec conviction par une troupe de seize comédiens. Claudia Stavisky se permet quelques audaces (notamment la formidable scène du meurtre) mais impose une sobriété bienvenue qui laisse toute la place à un impressionnant duo d'acteurs. Thibault Vinçon (dans le rôle de Lorenzo) et Alexandre Zambeaux (dans le rôle d'Alexandre de Médicis) portent en effet la pièce vers des hauteurs vertigineuses, offrant à un public reconnaissant (et qui applaudit quasiment entre chaque scène !) de véritables moments de grâce. De quoi oublier l'inconfort du chapiteau. Dorotée Aznar"Lorenzaccio" ms Claudia Stavisky
Sous chapiteau sur le site du château de Gerland (Lyon 7e) jusqu'au samedi 26 juin.


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À feu vif