Albert Dupontel

Bernie (rééd. Studio Canal Video)


1996, un chien-fou de comédien, Albert Dupontel signe son premier long en tant que réalisateur. Derrière et devant la caméra, comme pour assouvir l'énergie indomptable qui l'habite, Dupontel fait de ce Bernie un personnage détonant dans le paysage cinématographique. Mais qui est Bernie ? Un marginal, un désaxé, un simplet dangereux… ou simplement un cowboy poétique, question d'appréciation. «Je m'appelle Bernie Noël, j'ai 29 ans, bientôt 32». Voilà notre homme, un enfant trouvé dans une poubelle, sorti de l'orphelinat sur le tard et qui se met en tête de retrouver ses géniteurs. Grâce au pactole accumulé en 12 ans de travail en institution, Bernie va donc remonter le fil parental pour tomber sur un clochard sodomite et une bourgeoise névrosée. Hyperactif, paranoïaque, Bernie s'invente une identité américaine et met son abandon par ses paumés de parents sur le compte d'un complot de la mafia russe. S'ensuivent des scènes plus loufdingues les unes que les autres, dans la droite ligne de celles offertes par C'est arrivée près de chez vous, dont on retrouve quelques procédés de réalisation comme la confession face caméra, mais aussi un sens poelvoordien de la réplique qui offre de sacrées fulgurances - «Je possède un chat, Momo. Momo est un chat depuis de nombreuses années, mais c'est également un félin» ou encore «La société est bien foutue. Ils mettent des uniformes aux connards pour qu'on puisse les reconnaître». On jubile devant cette explosion de fantaisie brutale, et on se demande en 2010, à la vision du récent Le Vilain du même Dupontel, où est passé Bernie.
Quentin Pourbaix


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