Air doll

D'Hirokazu Kore-Eda (Jap, 1h56) avec Bae Doona, Arata…


Le très beau Still walking posait son réalisateur Kore-Eda en garant d'un cinéma de qualité japonaise héritier d'Ozu. Peut-être conscient de cette menace patrimoniale au-dessus de sa tête, il négocie un virage à 180° avec Air doll, fable fantastique et philosophique autour d'une poupée gonflable qui prend vie et découvre les sentiments humains. Le film la promène dans les rues de Tokyo, puis l'invite dans un vidéo-club — belle idée que cette éducation sentimentale et existentielle par le cinéma — où elle trouve l'amour, avant de faire l'expérience de la cruauté des hommes. Kore-Eda essaye par sa mise en scène d'épouser le regard innocent de sa drôle d'héroïne (magnifiquement incarnée par Bae Doona, actrice coréenne vue chez Bong Joon-Ho) et de filmer l'invisible (l'air, la naissance des sentiments). C'est justement ce côté élégiaque, voltairien et un brin naïf qui empêche Air doll de s'envoler, le film dissimulant son programme de départ sous une joliesse formelle et un scénario faisant largement penser au AI de Spielberg. On est toutefois très curieux de voir comment cet audacieux contre-pied trouvera un écho dans l'œuvre à venir du passionnant Kore-Eda.

Christophe Chabert


<< article précédent
Pas vus, pas de prix