Un chibre dans le moteur


Heavy Metal / Gentille hallucination au moment de relire les programmes de ce numéro : entre les très gentils Marcus Miller et Gilberto Gil, le festival Guitare en scène accueille Motörhead, groupe vétéran d'un heavy metal criant ton nom, insanité. De la formation d'origine (on remonte à 1975) ne reste plus que le fondateur officiel Lemmy Kilmister. Un golgoth imposant par la taille, par le timbre éraillé s'exprimant systématiquement dans un micro surélevé, par la dextérité nonchalante à la guitare. Et, soyons honnêtes, par un faciès lourdement émacié, témoin implacable de quarante années d'excès purement rock'n'roll – si on peut dire de certaines personnes qu'elles ont une gueule comme un paysage, lui, ce serait le Grand Canyon… Viré du groupe de rock gentiment perché Hawkwind pour s'être fait toper avec les «mauvaises drogues», Lemmy crée dans la foulée un groupe de rock hargneux, crasseux, arrogant et méchant, nommé d'après le seul morceau qu'il ait écrit pour Hawkwind, Motörhead. Pas franchement populaire à ses débuts, le groupe, à force d'entêtement et de travail, parviendra à s'imposer, parfois in extremis, comme l'une des formations emblématiques du heavy metal avec des titres aussi évocateurs que Overkill, Bomber, Orgasmatron, et of course leur monumentale reprise de Ace of Spades. Dans des élans de grosses suées musicales aux relents d'alcool, de sang et de foutre, Lemmy poursuit son aventure rock'n'roll, se fout de son statut d'icône contre-culturelle comme de sa légende libidineuse, multiplie les apparitions nonsensiques dans les films Troma, et se donne toujours autant sur scène. Le genre d'intégrité à applaudir en hurlant.
FCMotörhead + Nashville Pussy
Sur la scène chapiteau de Saint-Julien-en-Genevois, dans le cadre de Guitare en scène, samedi 31 juillet.


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L’ombre et la lumière