Jean-Yves Ferri

De Gaulle à la plage (Dargaud)


« Toute ma vie, je me suis fait une certaine idée de la France... Le sentiment me l'inspire aussi bien que la raison ». La première phrase des Mémoires de guerre le prouve : à défaut d'avoir été un joyeux drille, le personnage de Gaulle possédait un sens de la formule à faire pâlir le premier emballage carambar qui passe. Entre deux appels télévisés à la « mémoire », anniversaire du 18 Juin « oblige », rendons hommage au grand homme, ou plus précisément au grand homme tel que représenté par Jean-Yves Ferri. En 2007 le scénariste, qui s'est fait connaître dans Fluide Glacial puis par sa coopération avec Manu Larcenet, sortait un album au charme aussi résolu qu'un nez de général : de Gaulle à la plage. Ferri, qui excelle dans le comique de situation, y représente un de Gaulle en tongs, qui fait du lard ou dicte ses mémoires quand il n'est pas en train de s'essayer à la brasse coulée. À ses côtés le fidèle Lebornec tente de sortir l'homme au képi des guêpiers où l'amènent ses maladresses, ou d'arracher un jappement rieur à Wehrmacht, rejeton neurasthénique du chien-loup de Hitler. Le grand Charles aborde la plage comme un champ de bataille, parle aux éléments, ou bien, à la faveur d'un songe, vole en formation avec les goélands, Ferri révélant ainsi une théâtralité rêveuse qui donne une dimension Tatiesque au grand bonhomme... et nous le rendrait presque sympathique. QP


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