La peinture se met au vert


Expo / Il n'y a pas que la musique qui adoucisse les mœurs, la peinture de paysage aussi. Surtout celle de la fin du XIXe siècle à laquelle s'est intéressée de près un collectionneur lyonnais. Celui-ci présente quelque soixante-dix tableaux d'artistes français connus (Corot, Rousseau, Boudin...) ou moins connus, voire encore anonymes... Et l'exposition se déroule assez tranquillement comme une petite tranche d'histoire du genre (qui a été renouvelée dans les années 1980). En commençant par quelques très classiques peintures d'histoire, sur le modèle de Lorrain ou de Poussin, où tout est recomposé et reconstruit en fonction d'une certaine harmonie idéale, avec des références à l'antiquité. Ensuite, on rencontrera des esquisses sur le motif (la peinture de plein air fut pratiquée bien avant les Impressionnistes), des œuvres, sous influence nordique, plus sombres et presque tourmentées signées Georges Michel, des études sur la lumière et l'atmosphère réalisées lors des traditionnels voyages en Italie effectués par les artistes, des représentations des campagnes françaises... Peu à peu l'idéal disparaît au profit du naturalisme, et la construction cérébrale se laisse insensiblement glisser vers la saisie de l'instant, des éléments, des sensations... On remarquera plusieurs «portraits» d'arbres isolés et occupant presque la totalité de la toile, celui notamment d'un chêne par Louis Lapito, où les forces de la nature affleurent avec majesté sur la toile. Ou cette petite mare de Léon Victor Dupré où la lutte entre la lumière et l'obscurité met l'œuvre sous tension, et où les masses des arbres et des talus semblent vouloir bientôt recouvrir une mince figure humaine sur un chemin.... Jean-Emmanuel Denave«Un Siècle de paysages, les choix d'un amateur»
Au Musée des Beaux-arts jusqu'au lundi 4 octobre.


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Jean-Yves Ferri