Thomas Vieille Les Derniers jours d'Ellis Cutting Gallimard – Collection Bayou


Les westerns sont comme les mannequins des publicités Benetton, il n'y en a pas deux pareils. Sexy et explosif sous le crayon de Vatine (Angela), le genre sent chez Jodorowski et Boucq le peyotl et le barillet fumant (Bouncer, Les Humanoïdes Associés), tandis qu'avec les frères Jouvray, les codes du buddy movie lui insufflent un supplément de causticité rafraîchissant (Lincoln, Paquet). Nicolas Pothier et Brunö l'envisagent pour leur part sous l'angle du huis clos itinérant (Junk, Milan), alors que Fabien Nury, Xavier Dorison et Christian Rossi, eux, optent pour le grand spectacle sur fond de conspiration (W.E.S.T., Dargaud). Quant à Thomas Vieille, pour sa toute première production «professionnelle» (il se cantonnait jusque là aux pages de l'excellente revue Ecarquillettes du collectif Troglodyte), c'est du côté de la tragédie antique qu'il est allé chercher de quoi relever ce genre paradoxalement archi-codifié et aussi ouvert que l'horizon du désert Mojave. Un choix qui lui réussit : une fois acclimaté au classicisme de sa mise en scène et à l'épure de son trait, Les Derniers Jours d'Ellis Cunting déroule avec brio la quête de paix d'un félon poursuivi par son passé. Ménageant passages obligés et trouvailles (l'introduction du cinématographe), grincements de dents et claquements de genoux, Thomas Vieille fait une entrée remarquée. BM


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Un délai pour les frichards