Festival / Après une petite sueur froide en début de conférence de presse quand Thierry Frémaux a laissé entendre que le retraité Alain Delon pourrait se voir décerner le deuxième prix Lumière après Clint Eastwood, les choses cinéphiles sont rentrées dans l'ordre : c'est l'immense Milos Forman qui sera honoré au cours du festival Lumière 2010 qui se tiendra du 4 au 10 octobre. De sa période tchèque (L'As de pique, Les Amours d'une blonde, Au feu les pompiers) jusqu'à son parcours presque parfait aux États-Unis (Vol au-dessus d'un nid de coucou, Hair, Ragtime, Amadeus, Larry Flint, Man on the moon) en passant par quelques curiosités européennes (Valmont, Les Fantômes de Goya), Forman s'est affirmé en maître du cinéma, ayant traversé les épreuves du siècle (la dictature communiste) pour s'imposer en auteur caméléon, metteur en scène faussement modeste et vraiment pertinent. Le reste de la programmation réserve une excellente surprise : une rétrospective consacrée aux cinéastes américains oubliés des années 70, notamment Jeremy Paul Kagan et Richard Sarafian, dont les films étaient devenus introuvables. La rétrospective Visconti vaudra surtout pour la qualité des copies, l'Institut l'ayant déjà proposée il y a quelques années ; quant à la rétrospective Dario Argento — en sa présence — c'est une juste consécration pour un génie du fantastique baroque des années 70. Là encore, les copies devraient en mettre plein les yeux. Niveau films restaurés, le programme est peu ou prou celui du dernier Cannes Classics (Psycho, La 317e section, la version longue du Tambour, Boudu sauvé des eaux), et les «avants-premières» permettront de rendre hommage à un autre cinéaste persécuté, Roman Polanski, avec la copie neuve de Rosemary's baby.
Christophe Chabert
Lumière 2010
Du lundi 4 au dimanche 10 octobre.