Images taboues ?


Passer de l'exposition d'Axel Sanson à celle, collective, de la Salle de Bains, c'est un peu passer du plein (certes inquiet et «creusé») au vide... Un vide néanmoins fortement matérialisé, visible, sensible. On découvre par exemple une sorte d'installation composée de plusieurs châssis sans toile, enchevêtrés les uns dans les autres (rappelant vaguement les années Support/surface), des «tableaux» vides où la toile est simplement tâchée d'huile de vidange ou remplacée par de la mousse, deux feuilles de papier de photocopies ratées épinglées à une cimaise, ou encore cet impressionnant panneau dégoulinant de peinture jaune jusqu'au sol. Cette dernière œuvre incite à penser qu'ici la représentation et les figures se seraient effondrées, auraient glissé puis fondu en un magma de matière informe... Ces œuvres signées Pierre-Olivier Arnaud, Elena Bajo, Nicolas Guiot, Shaan Syed ou Adam Thompson, suggèrent une sorte d'impossibilité, de difficulté ou d'inhibition à représenter ou à donner sens à quoi que ce soit aujourd'hui. Dans une seconde salle consacrée à Sara MacKillop, cette impression se poursuit à la vue de cahiers d'écoliers ouverts sur des pages encore vierges, de simples pochettes blanches encadrées, de papier peint mal collé ou encore quelques livres posés au sol ici et la sans indication de titre ni de contenu... A la BF15, le suisse Vittorio Santoro use quant à lui des vieilles armes de l'art conceptuel pour, à la fois, dématérialiser l'art et «re-matérialiser» le langage. Pas d'image là non plus, mais des mots et des phrases qui se déclinent et se réifient en bandes sonores, disques, dessins, lettres en néons... Histoire d'interroger, sans grande originalité certes mais avec intelligence et efficacité, notre rapport à l'espace, au temps, au sens, et aux différents modes possibles de communication.
JEDAddendum + Discrétion/détermination
À la Salle de bains, jusqu'au samedi 31 juillet.Vittorio Santoro
À la BF15, jusqu'au 31 samedi juillet.


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Images inquiétantes