Cimaises estivales

Expos / Jusqu'à la fin du mois de juillet, il vous reste encore quelques jours pour découvrir de belles expositions, notamment celle, très réussie, consacrée aux frères Bram et Geer Van Velde au Musée des Beaux-Arts. JED


L'écrivain Samuel Beckett et le critique d'art Georges Duthuit voyaient tous deux dans la peinture de Bram Van Velde une alternative possible aux mensonges du théâtre de la mimésis et aux artifices du chef-d'œuvre tel qu'on le conçoit depuis la Renaissance. Duthuit percevait dans l'œuvre de Bram un élan toujours ouvert aux intensités de la vie et Beckett plutôt une vision de la condition catastrophique de notre être au monde. C'est ce que l'on apprend en lisant le texte passionnant de Rémi Labrusse dans le beau catalogue de l'exposition Bram et Geer Van Velde au Musée des Beaux-Arts (prolongée jusqu'au lundi 2 août). Le musée y présente le cheminement de formation commune des deux frères d'origine néerlandaise, puis leur bifurcation à l'orée de leur maturité artistique. Geer développant alors une peinture abstraite tout à la fois très précise, sensible et légère. Bram nous entraînant quant à lui dans les fonds quasi océaniques, sombres ou colorés, de sa peinture sans concession. C'est sans conteste l'exposition à ne pas rater cet été !Traces, reflets, lambeaux...
L'exposition collective à la Salle de Bains (jusqu'au samedi 31 juillet) intitulée «discrétion/détermination» pourrait constituer une sorte de suite contemporaine aux recherches de Bram Van Velde. Une poignée d'artistes y constatent l'impossibilité de «faire image» aujourd'hui, de représenter le monde comme à l'accoutumée. La peinture s'effondre au sol en flaques jaunes, les toiles ne montrent à leurs surfaces que des traces, des tâches ou... rien du tout. Les châssis évidés s'enchevêtrent entre eux pour tenter, vainement, de composer une sorte de sculpture... D'autres centres d'art ou galerie proposent jusqu'à fin juillet des expositions qui valent le déplacement. À la galerie Françoise Besson, Axel Sanson présente des toiles figuratives visant à capter l'aspect trouble, inquiétant, étrange de situations a priori banales. Au Réverbère, le Canadien Serge Clément expose sa perception de New York à travers des images noir et blancs composées de reflets, de jeux de miroirs et d'ombres. Côté photo, l'événement "Passages" organisé par le Musée des Confluences et consacré à l'Afrique se poursuit jusqu'au samedi 24 juillet avec notamment une belle exposition du portraitiste malien Malick Sidibé à la galerie Verney-Carron. Enfin, le jeune Mathias Schmied, à la galerie Olivier Houg, continue à découper ses chutes de papier pour composer des vanités ou à évider des bandes dessinées, et le Gentil Garçon propose à la MLIS de matérialiser la musique à travers des sculptures ou des images humoristiques.


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