Au vert et contre tout


Festival / Chaque année, Woodstower c'est un peu l'occasion de se mettre au vert une dernière fois avant reprise des hostilités de la rentrée. Or s'il y en a un qui a grand besoin de se mettre au vert, c'est bien Peter Doherty. Après nous avoir fait une énième fois le coup de la rédemption avec son dernier album "Grace/Wasteland", l'ex-Libertines (dont on annonce une poussive reformation à coups de regards en coin) semble être retombé dans ses travers : à savoir diverses addictions (qui semblent en réalité ne l'avoir jamais quittées), une capacité supérieure à la moyenne à mettre les pieds dans le plat (au printemps, il a entonné un chant nazi lors d'une prestation autrichienne) et une tendance chronique à l'annulation de concert (déjà expérimentée dans ces colonnes). Cet été, Peter a ainsi fait l'impasse sur un concert niçois. Raison invoquée : une hospitalisation d'urgence. Rumeur associée : un problème de dope ou simplement une envie de trainasser à Paris. Quelques jours plus tard, Peter jouait à Tours puis à Aix-les-Bains pour le compte du festival Musilac. Un concert de Peter Doherty c'est donc un peu comme les soirées de l'ambassadeur, il se passe toujours quelque chose : soit il livre une prestation classieuse (ce dont il est encore capable), soit il préfère terminer sa sieste dans une flaque de vomi à 500 kilomètres de là. Ce sera sans doute le cas à Woodstower : tout ou rien. Bien sûr c'est agaçant mais c'est la glorieuse incertitude du rock – raréfiée dans une époque musicale dominée par les studieux Coldplay et Radiohead – une matière dans laquelle il convient encore, dieu merci, comme l'a fait récemment un philosophe à propos du football, de faire l'éloge du mauvais geste. Stéphane DuchêneFestival Woodstower (avec aussi Archive, Olivia Ruiz, The Low Anthem...)
Au Parc de Miribel Jonage
Les 3, 4 et 5 septembre.


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