Un automne en mouvement

Rentrée danse / Il y aura encore de la danse cet automne après la Biennale. Et même un beau début de saison avec des pièces très attendues signées Maguy Marin, Christian Rizzo, Israel Galvan, Jean-Claude Gallotta... Jean-Emmanuel Denave


Cet été, des critiques de théâtre se réjouissaient de la force de jouvence de la danse et de la performance au Festival d'Avignon en général, et dans certains spectacles de théâtre en particulier... Il n'est jamais trop tard pour le découvrir. Ni jamais inutile de rappeler combien la danse comporte de possibilités d'ouverture du sens, ou de décloisonnement des frontières artistiques... Depuis quelques années, on ne sais d'ailleurs plus trop comment définir les spectacles de la chorégraphe Maguy Marin. Celle-ci se nourrit de textes (Beckett au premier chef), de contextes (celui de sa propre histoire et celui, plus largement politique, de la société dans la quelle nous vivons) et de sa foi inentamée dans les corps et leur capacité de résister à la bêtise, au pouvoir, à l'assujettissent. Après sa création pour la Biennale, Maguy Marin présentera sa pièce antérieure, "Description d'un combat", du 12 au 14 octobre au CCN de Rillieux-la-Pape (dont elle quittera la direction en fin de saison). Comme dans "Turba", ses danseurs y disent des extraits de textes (Hugo, Kleist, Péguy, Lucrèce...) sur un grand plateau plongé dans la pénombre, l'intensité de leur présence prenant le pas sur le mouvement proprement dit... De Gainsbourg à Saint-Jean
Jean-Claude Gallotta a quant à lui plongé son univers chorégraphique abstrait, dépouillé et émouvant, dans celui du disque-concept de Gainsbourg, «L'Homme à tête de chou» (sorti en 1976). Les chansons sont interprétées par Bashung et la pièce promet un puissant mélange de mélancolie, d'érotisme, de drame et d'énergie arrachée au désespoir (à la Maison de la danse en décembre)... Autre électron libre, Christian Rizzo poursuit son cheminement très personnel entre danse, arts plastiques et rituels contemporains. Depuis peu, Rizzo s'éloigne cependant de plus en plus de la veine plasticienne de son travail, pour explorer la physicalité des corps, s'inspirer des mouvements et d'intuitions émergeant au fur et à mesure des répétitions et des improvisations. Le chorégraphe invite le spectateur à regarder avant de comprendre, à se laisser troubler avant d'analyser. Et l'on a hâte de voir sa nouvelle pièce, «L'oubli, toucher du bois», au Toboggan en novembre. Hâte aussi de découvrir «El final de este estado de cosas, redux» de l'iconoclaste Israel Galvan (à la Maison de la danse en novembre). Le danseur et chorégraphe a reçu pour cette pièce le prix de la critique 2010 et est précédé d'une très excentrique réputation. Il faut dire que mêler le flamenco au hard rock, au free jazz, au butô, tout en adaptant "L'Apocalypse de Jean", n'a rien de banal en effet !


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