DAVID BOWIE Station to Station EMI


Fatigué de se jeter sur les nouveautés de saison, l'amateur de musique finit toujours un peu par se rabattre sur les repères qui jalonnent son panthéon personnel. Histoire sans doute de ne pas perdre le nord. Quand, en plus, il est possible de faire les deux en même temps, on ne va donc pas bouder notre plaisir. S'il n'est pas l'album auquel on pense en premier à l'évocation du maître blond, Station to Station n'en demeure pas moins une œuvre-pivot dans sa carrière : sorti en 1976, il clôt une ère faste (la période funk blanc née de paillettes glam) pour mieux accoucher d'une autre : l'autobahn berlinoise sur laquelle, trois albums durant (Lodger, Low, Heroes), l'inspiration bowienne filera à tombeaux ouverts. «D'une gare à l'autre», donc, disque ovni par excellence (mais y-a-t-il un album de Bowie qui n'en soit pas un ?) : là, Bowie, en pleine descente de L'Homme qui venait d'ailleurs se prend pour le Thin White Duke, son dernier avatar en date. Rongé par une sévère paranoïa, séquelle d'un régime alimentaire de l'espace (coke, poivrons, lait, et c'est tout), il convoque Nietzsche ou Aleister Crowley pour nourrir ses délires. Ainsi que le duo Earl Slick/Carlos Alomar et son sens inégalé du rythme aux guitares. Au finale : 6 titres éternels dont Word on a Wing, Stay et le bouleversant Wild is the wind. Avec l'adjonction du célèbre live (anciennement pirate) au Nassau Coliseum de 1976, l'objet devient non plus indispensable mais vital.
SD


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