PVT Church With No Magic (Warp)


Nous vous parlions la semaine passée de l'exotisme tous azimuts de la rentrée électro, alors voilà un album qui ajoute de l'eau au moulin, et du grain à moudre – voire du verre à piler – dans nos esgourdes. À l'instar des rutilants Pendulum, PVT (ex-Pivot) nous vient d'Australie, et chez ce trio aussi le gimmick «tous synthés en avant» est un pilier de compo, leur leader Dave Miller n'étant pas sans admirer les arpèges «oxygénés» d'un certain Jean-Michel Jarre. Avec son édifice de gargouilles analogiques et ses nappes sépulcrales, les synthétiseurs sont de fait la clé de voûte de Church With No Magic. Une cathédrale forcément gothique, bien que bétonnée de remparts indus. Les murs du son qui se déploient sur ce deuxième opus sacrifient un peu l'héritage mélodique de JM Jarre au profit de Legendary Pink Dots ou de Liars, entrechoquant guitares lancinantes, batteries bestiales et rythmes contorsionnistes sur l'autel du rock bruitiste. Autre fait nouveau, la voix d'outre-monde de Richard Pike est devenue le pivot chantant du trio, ce qui confère parfois aux compos des airs de Suicide, comme si Alan Vega venait crasher son venin dans les vitraux. Le résultat fait voler tous les formats «synth-punk» en éclats, entre chansons ésotériques (Brendan Perry n'aurait pas renié leur chemin de voix) et B.O apocalyptique. La messe est dite : en perdant deux voyelles, Pivot se fera de nouvelles ouailles à l'écart des sempiternelles guéguerres de chapelles.
SL


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