D'un romantique à l'autre


Classique / Pour sa dernière saison à la tête de l'Orchestre national de Lyon, Jun Märkl s'est fait plaisir. En choisissant Richard Strauss comme fil conducteur de l'année, le chef impose à l'orchestre d'être à son meilleur niveau. La soirée concoctée autour du concerto pour hautbois de Strauss et de la symphonie N°1 de Mahler ressemble à un marathon pour l'orchestre et à un moment d'émotions paradoxales pour le public. Le concert met en confrontation deux compositeurs romantiques que tout oppose. L'un, Strauss, épris de lui-même, resté toute sa vie profondément de son temps pendant que l'autre, Mahler, terriblement tourmenté, s'est tourné sans cesse vers de nouveaux courants. L'un encore, qui se place en dehors des problèmes de son temps, l'autre, juif qui doit se convertir au catholicisme, ne peut échapper à son époque. Le concerto pour hautbois de Richard Strauss, composé à la fin de sa vie, est un véritable hommage au style mozartien : du simple, du plaisant, de l'efficace élégance. Pour servir cette œuvre, c'est le brillant François Leleux qui s'y jette. Le hautboïste que l'on s'arrache dans le monde entier tant son jeu est captivant, tant le son qu'il offre est rond, ample et savoureux. Quant à la symphonie N°1 de Mahler, elle reste la plus connue et la plus populaire. La raison en est simple, tout le monde a en tête le premier mouvement si mystérieux d'où émerge la comptine Frère Jacques, à peine déformée. Le goût à mijoter les mêmes thèmes, à faire émerger des bribes de fanfares militaires, à propulser des bouts de musiques populaires : voilà ce qu'il y a de grand chez Mahler. Avec des comptines, des résurgences de musiques simples, il sait construire une symphonie profondément grave et sarcastique.
Pascale ClavelDebussy/Strauss/Mahler
Direction : Jun Märkl
À l'Auditorium, jeudi 14 et samedi 16 octobre.


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