Récolte tardive


Rock / «Adam Kesher, c'est qui çui-là ?», demandera peut-être le néophyte en découvrant l'affiche de Just Rock ?. Le cinéphile, lui, rétorquera qu'Adam Kesher est un personnage du film Mulholland Drive, ce qui nous éloignera un peu du propos initial – only rock, donc, selon les préceptes du festival. Mais les salles obscures peuvent en cacher d'autres, plus éclairées côté scène, et c'est là que le voile se lève : Adam Kesher n'est plus un personnage lynchien, dans la rubrique qui nous concerne, c'est un groupe girondin. À vrai dire, personne ou presque ne les a vu venir, alors que ça fait quatre ans déjà que le quintet s'applique à distiller une pop racée et urgente, juvénile et gouleyante. Remettons donc les pendules à l'heure Just. Tout a commencé en 2006, avec un single galvanisant sur lequel les kids demandaient rageusement : «Where's my place ?» Bonne question, il est vrai, pour un groupe que la géographie voudrait communément ranger dans le vignoble punk électro avec Kap Bambino, alors que les influences d'Adam, elles, débordent généreusement outre-Atlantique, entre Pixies, LCD Soundsystem et !!!. Where's my place, donc, la question reste en suspens le temps d'un premier album un poil décevant, et puis le groupe tourne, la formation change (nouveau bassiste), et la réponse finit par s'imposer : avec Challenging Nature, Adam Kesher trouve sa voie dans l'épure. En jouant la carte pop à 100%, les Bordelais alignent ici arrangements derniers cris et tubes en grappe, comme on aligne les bons crus dans ses agapes. Et si leur meilleure place en 2010 est probablement sur scène, reste que des pépites comme «Attraction» se sifflotent aussi bien à la maison, entre la poire et le Saint-Émilion. Stéphanie LopezADAM KESHER
Au Ninkasi, le 16 octobre, dans le cadre du festival Just Rock ?


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Danse sur tous les fronts