«Travailler sur l'humain»

Entretien / Bruno Amsellem, photographe et membre l'agence Signatures. Son travail sur les Roms «Voyages pendulaires. Des Roms au cœur de l'Europe» est exposé au CHRD jusqu'au 24 décembre. Propos recueillis par NP


Vous définiriez-vous comme un photo-reporter ?
Bruno Amsellem : Le terme de photo-reporter est très large, je dirais que je suis plutôt un photo-journaliste, j'ai ma carte de presse. Je travaille beaucoup sur l'humain dans sa vie quotidienne. J'essaie d'avoir du recul par rapport au sujet que je traite même s'il y a malgré tout toujours un parti pris. Je fais le même travail qu'un rédacteur, mais par le biais de l'image. Avant de prendre une photo, comme mes collègues qui écrivent, je pose des questions à mon interlocuteur, je m'intéresse à son parcours.Votre ambition est-elle aussi de faire un travail artistique ?
Je ne me considère pas comme un artiste car j'essaye d'obtenir une information. Mais si une image ne contient que de l'information sans souci du cadrage, je la jette. Elle montre certes une information, mais ce n'est pas suffisant à moins que ce soit une photo purement documentaire (dans le cas où le photographe est le seul à être présent à un endroit au moment d'un événement précis). À la notion d'esthétique – à connotation trop publicitaire -, je préfère le terme de composition de l'image. Les photos artistiques sont visibles dans les galeries. Mais ce n'est pas simple d'être exposé lorsque l'on fait du photo-journalisme ou du photo-reportage. Il y a des lieux dédiés à cela à Paris, mais pas à Lyon. Cet endroit manque vraiment ici. J'adorerais pouvoir m'occuper d'un lieu pérenne pour cela dans lequel pourrait être montrée la qualité du travail des photo-reporters même si leur nom n'est pas célèbre.Quels retours avez-vous eu à propos de votre exposition sur les Roms ?
Je n'ai eu que des retours positifs mais peut-être que les retours négatifs ne sont pas parvenus jusqu'à mes oreilles ! J'ai en tous cas juste témoigné de la vie quotidienne des Roms en évitant les clichés.


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