L'heure noire


Théâtre / Que faire de 4.48 psychose, un texte qui se régurgite plus qu'il ne se dit ? Claude Régy en avait fait un spectacle statique, porté par une Isabelle Huppert statufiée, ne bougeant aucun membre, droite comme un I et parfois inaudible. Au Théâtre de l'Élysée, Valérie Marinese cherche ce qui peut être théâtral dans cette prose de Sarah Kane, publiée un an après qu'elle se soit suicidée en 1999, à 28 ans. La comédienne et metteur en scène trouve d'intéressantes pistes,  quoique parfois décousues. La narratrice est à la fois dans la transe sur fond de musique rock comme un dernier élan de vie ou dans la douceur lorsqu'elle tente une dernière danse avec son psy dans un costume bleu improbable qui rappelle le bleu de Mulholland Drive, comme un mystère supplémentaire ajouté à la description de la psyché balafrée de la Britannique. Le déplacement sur le plateau est parfois hasardeux. Difficile de savoir pourquoi Sarah Kane-Valérie Marinese se positionne à un bureau plutôt que face au public. Le texte, d'une noirceur rarement égalée, se prête in fine assez mal à trop de mise en scène, il requiert de la modestie. Valérie Marinese en fait preuve lors d'une troublante séquence vidéo projetée en milieu de spectacle. Elle abandonne sa chevelure à son rôle en se rasant la tête. Et elle approche ainsi au plus près Sarah Kane et cette heure fatidique de 4h48 à laquelle elle a prévu de mettre fin à ses jours. Nadja Pobel4.48 psychose
Au théâtre de l'Élysée, jusqu'au samedi 30 octobre.


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Le fin du fin de la fin du monde