Jackass 3D

De Jeff Tremaine (ÉU, 1h16) avec Johnny Knoxville, Bam Margera…


La bande de Jackass, cascadeurs de l'extrême repoussant les limites de la vulgarité, s'offre un baroud d'honneur en 3D. On pouvait légitimement se demander si le film poserait cette question : la dernière frontière pour Knoxville et sa bande ne serait-elle pas simplement leur propre résistance aux assauts de l'âge ? Au milieu de la rigolade (Jackass 3D est effectivement hilarant, si on peut supporter le masochisme scato qui consiste à se faire arracher une dent avec une Lamborghini, être propulsé en l'air dans un chiotte amovible rempli de merde, jouer au golf avec sa bite ou se faire épiler manuellement avec de la superglu), la fatigue des acteurs pointe : «Je n'en peux plus», «J'arrête» ou «C'est la dernière fois», autant de répliques qui en disent long sur l'épuisement général de la troupe. Du coup, la présence de la vedette du folk dépressif Will Oldham en dresseur de singe n'est plus si incongrue que cela. Cinématographiquement, ce volet 3D n'est pas avare d'intérêt : l'usage du ralenti, qui décompose les coups portés et permet d'explorer la richesse de l'anatomie humaine, rappelle les essais chronophotographiques d'Étienne-Jules Marey. Et le final, où le décor vole littéralement en éclats, ressemble à une version 3D de la fin de Zabriskie Point. Jackass / Antonioni, même combat ? Pourquoi pas, après tout…
Christophe Chabert


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