«Une compétition hétérogène»

Entretien / Laurent Hugues, directeur du festival du film court de Villeurbanne. Propos recueillis par CC


Petit Bulletin : La compétition française et francophone s'annonce relevée cette année…
Laurent Hugues : Oui, mais c'est assez hétérogène dans la forme. Par exemple, d'un côté, le dernier Hendrick Dussolier, "Babel", qui est une vision très esthétique de la Chine entre son urbanité et sa ruralité ; de l'autre, "Petit tailleur" de Louis Garrel, qui est ce qu'on a trouvé de plus maîtrisé, de mieux écrit dans le court métrage. Il y a aussi "Ya basta" de Kervern, qui a déjà fait du long, et qui est une bonne synthèse de ce qui peut amener le public au court. Ça dure dix minutes, c'est équilibré, il raconte une bonne histoire avec des personnages qui existent.

Ne sort-on pas de l'image du court comme un coup d'essai ?
Le film de Garrel n'est pas un coup d'essai ; beaucoup de longs français sont moins bien produits, moins bien montés que ce court-là. Mais il y a aussi un type comme Jean-Gabriel Périot, qui n'est pas très connu car il vient plutôt d'un réseau alternatif. Il revient avec un film qui s'intitule "Les Barbares" : c'est une succession d'images des grands de ce monde pris dans des photos officielles, toujours en train de poser. À un moment, cette succession s'entrechoque avec des images du peuple, de la plèbe, qui elle est toujours en train de manifester, de faire grève ou de casser. Entre ces deux extrêmes, il y a plein de petits jeunes qui tentent des choses assez étonnantes, et déjà très matures.

Si le cinéma Le Zola passe au numérique, est-ce que cela changera des choses dans l'organisation des compétitions ?
Dès cette année, la compétition 2D / 3D passe en numérique ; ce sera un premier essai. Ensuite, ce sera un plus pour la compétition européenne, car qui dit projection numérique dit possibilité de sous-titres. Concernant la compétition française, on va pouvoir l'ouvrir à toute une part de la production de qualité mais exclusivement disponible en numérique. Cela va bouleverser notre façon de travailler car nous passerons de 300 films inscrits à 1000… Je n'ai jamais caché que notre intérêt serait de faire une seule compétition européenne avec 7 ou 8 programmes. Ce passage au numérique va nous le permettre à moyen terme, je l'espère en tout cas.


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