Laboratoires d'images

Festival / À nous de voir, le festival du film scientifique de Oullins, réconcilie cinéphiles et scientifiques autour d'une approche du documentaire comme œuvre d'auteur ouvert sur le monde. Christophe Chabert


Les images de la guerre, la question du travail, les mutations urbaines… Les thèmes du 24e festival À nous de voir ne dépareilleraient pas au milieu d'un grand forum d'actualité façon Libé. Mais non ; la manifestation reste fidèle à son projet initial : expliquer la science à travers le regard des cinéastes, qu'ils soient documentaristes, cinéastes de fiction, ou qu'ils aillent au gré de leur carrière de l'un à l'autre. C'est le cas cette année de trois personnalités importantes : Sergey Loznitsa, dont le premier film de fiction, "My joy", sort justement cette semaine sur les écrans. À Oullins, on pourra découvrir un de ces documentaires, "Blockade", qui retrace à travers un montage d'archives resonorisées le siège de Saint-Petersbourg pendant la Deuxième Guerre mondiale ; René Vauthier, auteur du film référence sur la guerre d'Algérie, "Avoir vingt ans dans les Aurès". Un cinéaste engagé et infatigable, victime de la censure, dont le festival présentera un court métrage de 1971, mais aussi un documentaire sur son travail, "Algérie, images d'un combat", signé Jérôme Laffont ; enfin, José Luis Guerin, cinéaste barcelonais qui s'était fait connaître avec le beau "Innisfree", où il revenait dans le village où fut tourné "L'Homme tranquille" de John Ford. À nous de voir a fait de son très puissant documentaire "En" la pierre angulaire de son rendez-vous thématique «Habiter la ville».Tempus fugit
Le principe du festival est de compléter ces projections par des rencontres avec des scientifiques (sociologues, ingénieurs, historiens, anthropologues) et des artistes. Le regard subjectif de l'auteur entre donc en résonance avec celui, objectif, des spécialistes, pour des dialogues en général de haute tenue. Mais À nous de voir reste une manifestation grand public, sa compétition privilégiant aussi des films abordant des sujets d'actualité (la génétique, le climat ou le nucléaire). Grand public aussi, sa traditionnelle Nuit de la science-fiction, qui s'offre cette année le luxe de présenter, autour du thème des voyages dans le temps, trois longs inédits en salles. C'est donc l'occasion unique de voir à Lyon l'excellent "Moon" de Duncan Jones, huis clos lunaire et métaphysique où Sam Rockwell doit faire face à son double, et découvrir sur grand écran un petit chef-d'œuvre, "Los Cronocrimenes", ou comment refaire La machine à voyager dans le temps sur 2 km, quelques heures et sans effets spéciaux !À nous de voir
Du 18 au 28 novembre au Théâtre de la Renaissance


<< article précédent
Le Symbolisme en quête d'idéaux