Tueurs nés


Musique / Luke Lalonde, le leader des Canadiens de Born Ruffians n'a probablement rien à voir avec Brice, l'ex-leader écolo à la veste réversible. Encore que sur son nouveau disque, "Say it", il soit question de canard ("Retard Canard"), d'élan ("The Ballad of Moose Bruce"), d'eau et de soleil ("Blood, the Sun and the Water"). Après tout on, est au Canada. Et que lui aussi a, musicalement, en tout cas, fait évoluer quelques-uns de ses principes. Une chose est sûre, le «Little Garçon», comme on le surnomme, a grandi et fait du chemin. On avait connu Born Ruffians plus échevelés, plus rock, plus nus, avec "Red, Yellow & Blue", et voici leur deuxième album, davantage tourné vers une pop aux accents afro-beat, ce petit virus dansant qui en quelques années a contaminé tout un pan de la pop mondiale. De fait, les fans de Vampire Weekend ne seront probablement pas dépaysés par l'écoute de ce deuxième album des Born Ruffians. Et il y a fort à parier qu'en concert, les jambes devront frissonner d'aise et d'envie de danser. Encore faut-il savoir comment. Car la patte Lalonde demeure : naïve et toujours aussi enthousiaste, malgré les tensions intervenues dans le groupe entre les deux albums. Pour autant, le groupe ne fait guère dans le standard et le chorégraphiable. Tout est plus complexe et abouti. Et, au-delà d'une vraie recherche mélodique exempte de simplification. Avec toujours la voix étrange du «Little Garçon» et sa manière de brailler dans les aigus, d'affronter des montagnes russes, ou plutôt canadiennes, avec la défiance d'un monte-en-l'air chevronné qui amène son groupe vers des hauteurs où on ne l'attendait pas forcément. SD


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