Elle court, elle court la terreur


Théâtre / À quoi ça tient ? Qu'est-ce qui fait qu'un spectacle relatant trois mois de la Révolution Française, avec aucun grand nom à l'affiche et aucun décor fasse salle comble depuis sa création le 16 septembre 2009 au théâtre parisien de la Colline ? Comment "Notre terreur" a-t-il fait ce chemin (la pièce est passée par la petite salle du Théâtre des Célestins il y a un an, a fait un tour de France, est repassée un mois par sa maison de la Colline en septembre dernier dans le cadre du Festival d'automne et la revoilà dans la région lyonnaise, pour trois soirs à Villefranche) ? Ce succès tient certainement au talent et à la conviction de la troupe D'Ores et déjà qui a porté ce projet. Sylvain Creuzevault, metteur en scène et membre de la compagnie, racontait la genèse de ce spectacle à l'occasion de la présentation de saison à la Colline cette année : «c'est une création collective écrite, répétée en improvisation par les acteurs qui, au fil du temps, ont défini une problématique, l'ont étayée et ont trouvé une dramaturgie scénique qui s'affine au fil de la tournée que nous avons la chance de faire». La troupe croit autant en la force du théâtre comme moyen d'expression qu'à l'histoire qu'elle raconte. XVI Germinal an II, Danton est exécuté. Barère, Saint-Just, Collot et une poignée d'autres mettent en place le régime de la Terreur sous l'égide de Robespierre jusqu'à la mort de ce dernier. Sur scène, le public installé dans un dispositif bi-frontal peut voir cette bande de post-ados décider à main levée de l'avenir du pays (exécution sommaires des opposants, introduction de la pomme de terre dans l'agriculture...), mais aussi s'écharper sur le goût de la brioche et du vin qu'ils partagent. Rien n'est faux. À mille lieues de faire un cours d'histoire et d'endosser le costume de professeurs qu'ils ne sont pas, les comédiens font leur travail. Ils font du théâtre, rien que du théâtre et proposent, avec "Notre terreur", 2h15 de spectacle d'une sincérité et d'une vitalité ahurissante. Nadja Pobel


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«La Ville décide seule»