Thierry Raspail

Directeur du Musée et de la Biennale d'art contemporain. JED


Petit Bulletin : Qu'est-ce qui vous a marqué depuis 1997 dans la vie culturelle à Lyon ?
Thierry Raspail : Je ne vois pas un événement précis mais une continuité de structures, récentes ou anciennes, avec des personnalités fortes et proposant une offre culturelle incomparable, Paris mis à part. On ne voit cela ni à Toulouse, ni à Nantes, ni à Bordeaux... Des Nuits sonores aux Assises du roman, il y a un bloc, avec des programmations exigeantes et diversifiées, qui couvrent l'ensemble du spectre de la création. Je pense que Lyon est arrivée aujourd'hui à une période de maturité culturelle (en 1997, elle avait peut-être encore un peu l'image caricaturale d'une ville prétentieuse et sévère, tristounette), avec une grande créativité, une dynamique de production du nouveau. À l'inverse par exemple de Marseille qui est plutôt forte dans la friche, la récupération de lieux transformés...
Les Assises c'est le roman d'aujourd'hui, le Grame c'est la musique d'aujourd'hui. En danse, nous avons la biennale et le défilé, et l'un des meilleurs ballets français à l'opéra. Nous avons, du côté artistique, le Musée des beaux-arts, les fabuleuses collections du Musée des tissus, la biennale et le Musée d'art contemporain. Cette densité me frappe.Quels seraient ses défauts ?
Un seul : il manque un million d'habitants (et les capacités financières et économiques qui vont avec). Nous avons une offre culturelle comparable à Turin et presque Milan sur une commune deux fois moindre. Par ailleurs, et ce n'est pas spécifique à Lyon, je pense qu'on pourrait faire mieux dans le partenariat fonds publics-fonds privés.Quelle est la place de Lyon à l'international ?
Le fait de ne pas être une "ville-centre" pousse Lyon à être davantage à l'écoute du monde et à opérer à l'échelle internationale. Dans le domaine de l'art contemporain, Lyon existe à Shanghai, à Taipei, etc. Lyon a aussi pour qualité de ne pas être considérée comme une ville française arrogante ou nombriliste. On n'a pas rompu avec Guignol ni avec la quenelle, mais on a ajouté quelque chose à cela : une énergie, une créativité, une dynamique forte.


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Max Schoendorff