King, Valli, le grand écart


Danse / La Maison de la danse programme en parallèle deux chorégraphes aux univers très contrastés que l'on peut voir le même soir, si l'on apprécie les grands écarts artistiques... Avec, à notre droite, Alonzo King considéré par William Forsythe comme l'un des grands maîtres de ballet de notre temps. L'Américain a créé sa compagnie à San Francisco en 1982 et insuffle depuis au vocabulaire classique une gestuelle des mains et des bras très personnelle, époustouflante de vitesse et de fluidité. Il reprend à Lyon sa "Shéhérazade" (2009) adaptée de la pièce originelle de Michel Fokine de 1910, et dévoile sa toute dernière création pour onze danseurs, sur des musiques lyriques (interprétées sur scène) de Brahms, Fauré, Haendel, Schubert... À notre gauche, la plus jeune et beaucoup moins connue Perrine Valli, née à Aix-en-Provence en 1980. Dans «Je pense comme une fille enlève sa robe», titre emprunté à Georges Bataille, la chorégraphe se lance dans d'étranges variations autour du thème de la prostitution. Passant de l'abstraction gestuelle la plus totale à des saynètes très imagées et érotiques, dont un strip-tease à l'envers ! Son duo est une petite merveille d'inventivité artistique, jouant sur de multiples registres, agrémentée d'une séquence vidéo drolatique et d'une bande son très réussie (bruits concrets et suggestifs, mais aussi morceaux de rap et de rock). Perrine Valli pense et danse comme une fille enlève sa robe, et montre qu'un corps même nu, exposé, monnayé, recèle encore une large part de mystère. Jean-Emmanuel DenaveAlonzo King, Shéhérazade + Wheel in the middle of the field, jusqu'au mercredi 22 décembre.
Perrine Valli, Je pense comme une fille enlève sa robe, du jeudi 16 au samedi 18 décembre
À la Maison de la danse.


<< article précédent
Dans la forêt lointaine