«Faire entrer le théâtre musical à la Croix-Rousse»

Entretien / Jean Lacornerie, nouveau directeur du Théâtre de la Croix-Rousse. Propos recueillis par Dorotée Aznar


Petit Bulletin : Vous êtes-vous porté candidat pour la direction de ce théâtre ?
Jean Lacornerie : Oui, c'était une volonté de ma part de quitter le Théâtre de la Renaissance. J'ai eu l'occasion de parler de cette volonté avec la Ville et j'ai donc décidé de présenter un projet pour prendre la direction du Théâtre de la Croix-Rousse.Quelles sont les grandes lignes de ce projet ?
Il s'agit de faire entrer le théâtre musical à la Croix-Rousse. C'est l'objet de mon travail de metteur en scène et je veux en faire l'un des axes forts de ce théâtre. Je veux également inscrire ce théâtre dans la ville et travailler avec les habitants. Je crois beaucoup en des spectacles qui font participer les gens. Il faut construire ensemble sur un plateau et réussir à fabriquer un projet artistique et pas seulement sympathique.Quelle sera désormais la place du théâtre dramatique dans ce lieu ?
Un volet consacré au théâtre dramatique est absolument nécessaire. Je souhaite présenter des artistes régionaux à la Croix-Rousse même si, en raison de la taille du plateau, il ne s'agira pas d'artistes débutants mais plutôt d'une sorte de «deuxième émergence», des jeunes talents capables de se produire sur une grande scène.À quoi servira la petite salle, une programmation y sera-t-elle proposée ?
Oui, il peut se passer des choses dans cette petite salle tout en sachant qu'il n'y a que 80 places et donc peu de recettes potentielles.Le dernier projet de Philippe Faure était de proposer de longues séries, souhaitez-vous continuer sur ce créneau ?
Je vais tirer les enseignements de ses choix. À la fin de la saison, nous saurons si on peut tenir des spectacles longtemps à l'affiche.Pensez-vous que la programmation de «têtes d'affiche» et de spectacles ayant déjà rencontré le public et le succès dans d'autres villes ait un sens à la Croix-Rousse ?
Lyon est une grande ville et beaucoup de spectacles ne s'y jouent pas. Il y a de la place à Lyon pour plusieurs théâtres, même sur des programmations qui se croisent. Pour moi, la Croix-Rousse a un rôle de visibilité, Philippe Faure a réussi à amener son théâtre à ce niveau. Aujourd'hui, un spectacle qui est joué à la Croix-Rousse est un spectacle qui sera vu… Ensuite, pour la programmation, tout est une question de dosage. Et au-delà, ce qui est important, c'est ce qu'on y fabrique ; c'est le cœur d'un théâtre.Dans quel état financier se trouve le théâtre de la Croix-Rousse ?
Je ne connais pas précisément l'état financier du théâtre et le montant de son déficit. La Ville s'est engagée, il s'agit désormais de savoir quel sera l'engagement financier des autres partenaires publics, ce que j'ignore encore pour l'instant.Quand allez-vous prendre vos fonctions ?
Pour l'instant, j'ai pour mission d'assurer la programmation de la saison prochaine et je prends connaissance des dossiers. Je ne quitterai définitivement la Renaissance qu'en avril.Arriverez-vous seul ou avec une partie de l'équipe de la Renaissance ?
Je pars seul car l'équipe est déjà complète à la Croix-Rousse. Je veux travailler avec cette équipe telle qu'elle est et pour cela, je vais déjà devoir apprendre à la connaître. Il faut qu'il y ait une continuité dans ce théâtre.Quelles ont été les réactions à votre nomination ?
Très positives. L'équipe du théâtre de la Croix-Rousse m'a accueilli très chaleureusement. J'ai reçu beaucoup de messages de félicitations et même de personnes qui postulaient à la direction de ce théâtre. Ce qui est amusant, c'est qu'en quelques jours, j'ai considérablement augmenté mon nombre «d'amis»…Revenons sur le nombre de candidats à la direction de ce théâtre, qu'est-ce que cela vous évoque ?
Je connais une grande partie des candidats et tous ont une légitimité à vouloir diriger un lieu. Le problème est qu'il n'y a pas assez de places… J'ai envie de dire, ouvrons les théâtres, confions-les à des artistes, ils ne les gèreront pas plus mal que les autres !Qui va vous succéder au Théâtre de la Renaissance ? Avez-vous l'impression d'être arrivé «au bout» de votre mission dans ce théâtre ?
Les tutelles de la Renaissance vont se mettre d'accord sur la personne qui me remplacera. Ce que je peux dire, c'est que l'on a bien remis la maison en route depuis mon arrivée en 2002 et qu'aujourd'hui, la Renaissance s'est positionnée comme un théâtre de création. Me concernant, au bout de neuf ans, j'ai l'impression que les choses sont arrivées à maturité. Changer de théâtre est une manière de me relancer, de me stimuler. À la Renaissance, j'étais contraint par la taille du plateau et la jauge du théâtre. Je vais désormais pouvoir imaginer d'autres choses, c'est très stimulant.Quand présenterez-vous «votre» première saison à la Croix-Rousse ?
En mai, si tout va bien, on verra arriver une belle plaquette avec une belle saison !


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