Deux hommes dans un phare


Théâtre / Plein phare commence par l'annonce du licenciement d'un gardien de phare solitaire, alcoolique et misanthrope, puis par la tentative de suicide de celui-ci. Dans le huis clos d'un phare breton, personne ne vous entendra crever. Pourtant, Plein phare est une comédie, écrite par Jacques Chambon qui se plait comme à son habitude à glisser dans le récit quelques notations sociales bienvenues. Guirec ne se pendra pas car Gilles débarque dans son phare. Il le prend pour le technicien venu procéder à l'automatisation du site. Quiproquo : il s'agit d'un businessman imprudent qui faisait de la planche à voile un jour de tempête. Commence alors une comédie des contraires entre l'aigreur désabusée et les passions dérisoires de Guirec (sculpter des bouchons de liège) et l'arrogance de Gilles. Ce qui situe Plein phare au-dessus de l'ordinaire des comédies théâtrales, c'est d'abord son ton, plus doux-amer que gaudriole, et le choix de la rigueur dans la mise en scène. Loïc Varraut, qu'on a connu (grand) acteur chez Meirieu et Hembert, signe ici son premier essai en la matière, qu'il transforme en se souvenant que plus la comédie est faite avec sérieux, plus elle est efficace. Les gags purs fonctionnent, les moments plus graves aussi, et l'ensemble fait preuve d'une remarquable fluidité. La rigueur, c'est aussi celle de ses deux jeunes acteurs : Jonathan Chiche compose un Guirec taciturne et blasé qui mixerait le Coluche de Tchao Pantin et le Villeret du Dîner de cons, et Jordan Topenas lui donne le change en affichant une santé insolente qui se fissure progressivement lorsqu'il découvre qu'il est peut-être tout aussi seul que son meilleur ennemi. Ces deux-là sont aussi attachants que le spectacle lui-même, appelé à faire les beaux soirs des scènes lyonnaises cette saison. CCPlein phare
Au Théâtre de Lulu sur la colline, vendredi 7 et samedi 8 janvier.


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