Les affiches des musées

Musées / Les musées sortent de l'hexagone pour cheminer vers les arts de l'islam et leur influence sur la création occidentale, l'Inde contemporaine, ou encore l'Autriche à travers la figure d'un artiste méconnu, Hans Schabus... Jean-Emmanuel Denave


«Il y a longtemps que la pensée a cessé d'assigner à l'art la fonction de représentation sensible du divin», écrivait Hegel. Une assignation essentiellement catholique, devrait-on préciser. Car d'autres religions (juive, islamique, protestante) ont plutôt prôné un certain nombre d'interdits ou de restrictions autour de l'image et de la figuration, influençant ainsi de manière indirecte l'expression artistique. Celle-ci trouvant en effet ses chemins de traverse dans l'abstraction, la miniature, le décor, l'ornement... L'exposition «Le génie de l'orient, l'occident moderne et les arts de l'Islam» (du 2 avril au 4 juillet au Musée des Beaux-Arts) se propose d'évoquer l'impact des des arts de l'islam sur la création européenne au XIXe et XXe siècles. L'influence fut double : la découverte des décors de palais ou de harems a donné naissance à l'orientalisme, représentations fantasmant ou fabulant sur l'Orient ; l'ornementation (tapis, tissus, céramiques, marqueteries...) a influencé certaines avant-gardes et remises en cause des codes de représentations occidentaux. L'exposition explorera ces deux voies à travers une dizaine de sections, et présentera notamment des œuvres d'Eugène Delacroix et de Gustave Moreau sensibles aux miniatures mogholes. Mais aussi de Paul Klee et Henri Matisse, deux artistes passionnés par les objets d'art et l'architecture de l'Islam.Nouvelle vague indienne
C'est aussi vers l'orient que regardera le Musée d'art contemporain, du 18 février au 31 juillet, avec «Indian Highways IV», vaste panorama consacré à la création contemporaine en Inde. Après Londres, Oslo et le Danemark, l'exposition fait étape à Lyon, avant de circuler encore à Rome, Moscou, Singapour, Hong Kong, Sao Paulo et New Dehli ! Une trentaine d'artistes, connus ou méconnus, présenteront sur 2 000 m² installations, vidéos, peintures, photographies et performances. Parmi les «stars», on pourra découvrir Suboh Gupta et ses ready-made monumentaux réalisés à partir de couverts en inox ou de véhicules (motos, voitures, scooters..), et Jitish Kallat, artiste un brin provocateur et plein d'humour, avec notamment ses squelettes de camion ou de voiture à l'échelle 1. «Indian Highways» s'ouvrira aussi à l'architecture avec le Bijoy studio Mumbai, ou à de singuliers collectifs comme le Raqs Media collective (évoluant entre art, enquête historique et philosophie) ou le Desire Machine Collective et ses vidéos influencées par la pensée de Gilles Deleuze et de Félix Guattari... Plus proche géographiquement, l'artiste autrichien Hans Schabus se préoccupe quant à lui du corps et de ses relations à l'architecture et à l'environnement. L'institut d'art contemporain consacre à ce quasi inconnu une grande exposition monographique (du 25 février au 24 avril) rassemblant photographies, vidéos, dessins et installations.


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